L'histoire tiendrait en une phrase : un homme et une femme tombent amoureux après s'être rendus compte que leurs conjoints respectifs avaient une aventure ensemble. Si l'histoire est légère en rebondissements, le charme de ce In the Mood For Love réside pour beaucoup dans sa passionnante narration.


C'est une histoire de solitude. Mme Chan et M. Chow sont esseulés et comme eux nous ne voyons jamais leurs conjoints. Nous sommes plongés dans une bulle au milieu de ces deux personnages qui ne se côtoient quasiment que dans l'immeuble qu'ils habitent tous les deux. Ils n'ont également personne à qui raconter leurs travers, ce qui accroit le côté secret de leur relation et donc l'excitation... à laquelle ils ne succombent pas.


C'est une histoire d'indécision. On se prend de sympathie pour nos protagonistes qui sont tous les deux tiraillés. M. Chow condamne l'adultère et la frivolité - qu'il ne cautionne pas chez l'un de chez amis - mais tombe éperdument amoureux de Mme Chan qui elle demeure une femme dans le Hong Kong conservateur des années 60.


C'est donc aussi une histoire sur la condition de la femme. La pression qu'exerce sur Mme Chan sa propriétaire et l'employée de maison de cette dernière est oppressante même pour le spectateur: ces deux femmes souhaitent systématiquement connaitre ses moindres faits et gestes et voudraient la cloitrer à domicile lorsqu'elle ne travaille pas. On voit ici à quel point le manque d'émancipation des femmes peut être tellement encrée qu'il est même accentuée par la relation que les femmes entretiennent entre elles.
In fine, si M. Chow en tant qu'homme peut se permettre de s'enfuir refaire sa vie à Singapour, Mme Chan ne peut au final pas se résoudre à quitter son mari à qui elle finit même par donner un enfant.


Wong Kar-Wai réalise un film planant, aérien et émouvant. Les plans de Wong Kar-Wai sont francs, incisifs et provoquent en nous une touchante poésie à laquelle la bande-son du film est loin d'être étrangère. C'est chic, coloré et sensuel et j'ai parfois vu du Mad Men dans l'esthétique de ce In The Mood For Love; même si je ne saurais l'expliquer !

Stean
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le 25 août 2016

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