HSS, qui a fini par récemment m'agacer par fainéantise et relance systématique d'un système qui s'épuisait tant qu'il tournait en rond, semble ici, enfin, essayer de nouvelles pistes. Alors, la plus grande curiosité, c'est que le film est flou. Volontairement. Le point n'est pas fait, et l'on distingue à peine les personnages. Woody Allen l'avait fait pour un personnage (joué par Robin Williams), mais HSS le fait sur un film entier. Enfin, pas complètement, certains plans, qui ne sont pas majoritaires, ne sont pas flous. Du coup, on se met à essayer de comprendre pourquoi il y a deux modes, un flou un pas flou, et à essayer de comprendre les deux systèmes de narration. En fait, je pense qu'il n'y en a pas, j'ai tout passé à la moulinette, mais franchement je n'y vois aucune explication. La grande nouveauté en revanche, c'est que HSS remet enfin sa caméra dehors, filme des décors, et même fait quelques mouvements de caméra ! Incroyable ! J'avoue que ça fait un bien fou (même s'il n'ose pas encore assumer et les fait flous). ça se passe donc sur une petite île, station balnéaire, et nous suivons trois personnages, tous assez jeunes. L'un d'eux est cinéaste, et est là pour tourner un court-métrage, mais n'a pas encore de sujet. Il ne sait pas ce qu'il veut filmer. Il est accompagné d'un ami, qui jadis avait tourné quelques courts aussi, et qui lui sert d'assistant et de caméraman, ainsi que d'une jeune actrice qui a accepté de tourner dans son film. Finalement, il voit une femme en train de ramasser des déchets sur la plage, et ça lui donne un sujet de film. Il appelle aussi une femme, vraisemblablement sa petite amie, ou son ex, et lui demande s'il peut utiliser une chanson qu'il avait écrite pour elle, pour son anniversaire, dans son film. Et voilà, emballé c'est pesé, il commence à tourner et notre film à nous est fini. Ce qui est très réussi (le film l'est globalement), c'est l'interpénétrabilité entre le réel et le filmé. C'est à dire que ce qui est filmé par HSS et ce qui est filmé par le jeune cinéaste dans le film se mélangent parfois à tel point qu'on ne sait plus à quel niveau de lecture on est. C'est assez réussi et j'ai d''ailleurs cru à un moment que les moments flous / pas flous étaient liés à ces deux degrés de narration. Mais en fait non, ça ne marche pas comme ça. C'est soit plus compliqué, soit encore plus simple, à savoir qu'HSS ne s'est pas posé cette question (et que les plans flous correspondraient à son état d'ébriété au moment où il tourne le plan :D ). En tout cas, HSS continue de dérouler sa petite musique, de manière assez plaisante cette fois-ci, ça faisait un peu longtemps me concernant, tant mieux.