Inutile de tergiverser : c'est visible à l'oeil nu, In Water, de Hong Sang-soo, est un film aux images floues, dans presque son intégralité, mais avec des variations, selon que les scènes sont d'intérieur ou au grand air, en bord de mer. Cette diagonale du flou fait d'ailleurs parfois ressembler le film à une suite d'aquarelles impressionnistes, quand mer et ciel paraissent se confondre, tandis que les humains n'ont plus aucune netteté. Le procédé est troublant mais loin d'être inadapté au sujet de ce métrage d'une longueur relative (61 minutes) puisqu'il s'agit d'un acteur qui a décidé de diriger son premier court, accompagné d'un cameraman et d'une actrice. Sauf que ce qu'il souhaite raconter semble un peu ... flou, pour le moins. Le film rejoint par ses doutes et son faux réalisme toutes les œuvres précédentes du cinéaste coréen, avec ses interrogations autour du processus de création. A cet égard, le côté minimaliste du scénario et l'ultime scène, inquiétante, sont de nature à se demander si Hong ne va pas bientôt encore radicaliser son cinéma dans une veine encore plus expérimentale. En attendant, ceux qui ne supportent pas habituellement ses films n'auront aucune raison d'aller voir In Water, le laissant à ceux qui le suivent depuis longtemps et qui, sans toujours comprendre totalement son cheminement, apprécient, plus ou moins selon les cas, sa manière de se réinventer, tout en restant infiniment familier dans sa manière de faire ou de défaire. Rester un peu le bec dans l'eau n'est pas forcément désagréable.