L'ennemi intime
NE PAS LIRE AVANT VISION DU FILM Intriguer, séduire, questionner, émouvoir. Si l'on souhaite parvenir à tout cela en un même mouvement, ces objectifs sont difficilement conciliables avec le cynisme...
le 30 août 2014
70 j'aime
15
Si deux mots pouvaient suffire à décrire Incassable, ce serait « intelligence » et « désespoir ». Intelligence tout d'abord, que ce soit dans la mise en scène (à elle seule, la scène du train, pourtant basée uniquement sur des dialogues, est une grande leçon de réalisation) ou dans l'écriture. Construit en hommage à l'univers des comics, où s'affrontent souvent le Bien et le Mal, Incassable est une lutte métaphysique vibrante et grandiose. Shyamalan s'affranchit du concept de « gentil » et de « méchant » en poussant la psychologie des personnages au stade supérieur. Désespoir ensuite, tant le nombre de sourires est faible, tant les maisons sentent le renfermé et les personnages le mal-être. Pas un souffle d'air ne vient rafraîchir l'atmosphère. Incassable, c'est la tristesse incarnée, une tristesse d'une beauté sans nom...
L’originalité du scénario fait office d’atout majeur. Il s’attarde en effet sur la génèse du "héros", joue avec celle-ci, détourne les règles en vigueur instaurées pour ce type de films, pour finalement offrir au spectateur une relecture adulte et intelligente du mythe du super-héros. Le réalisateur fait preuve d’un minimalisme incroyable pour raconter, avec des mots simples, la génèse d’un super-héros, la découverte de ses pouvoirs et l’acceptation de sa destinée. La dernière partie du film pourrait paraître trop explicative alors qu'elle est juste grandiose : Shyamalan y multiplie les petits morceaux de bravoure avec une maestria qui n'appartient qu'à lui, comme autant de vignettes d'un comic. Un parti pris qui pourra paraître anodin, mais c'est cet enchaînement de scènes qui fournit une grande partie de sa force au long-métrage. Jusqu'à la révélation finale, qui donne une nouvelle dimension au film sans pour autant tout remettre en question...
Après la grosse claque Sixième Sens deux ans plus tôt, M. Night Shyamalan effectuait un doublé brillant avec Incassable et nous livrait probablement l'un des films de super-héros les plus intelligents que le cinéma nous ait offert. Il navigue alors entre le drame familial, le film d'auteur, le thriller, le tout teinté d'un très subtil voile fantastique. Un coup de maître d'autant plus fort qu'il se situe a des années-lumière de la surenchère en effets spéciaux que l'on connaît aujourd'hui dans ce genre de métrage. Incassable, n'est donc pas uniquement un film remarquable, mais également un véritable tour de force dans la carrière en dents de scie du réalisateur !!!
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films avec un twist final, Ma collection !!!, Les meilleurs films avec Bruce Willis, Les meilleurs films de 2000 et Pas assez de place dans le Top 10 Films !!!
Créée
le 15 oct. 2016
Critique lue 714 fois
6 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Incassable
NE PAS LIRE AVANT VISION DU FILM Intriguer, séduire, questionner, émouvoir. Si l'on souhaite parvenir à tout cela en un même mouvement, ces objectifs sont difficilement conciliables avec le cynisme...
le 30 août 2014
70 j'aime
15
David (Bruce Willis) est le seul survivant d'un accident de train. Pire : là où tout le monde fut réduit en hachis, lui s'en sort sans la moindre égratignure. Rien que cela suffirait à faire...
Par
le 31 oct. 2013
55 j'aime
20
Ne vous méprenez pas, je ne suis pas un inconditionnel de Shyamalan. Là où Sixième Sens m'avait mis sur le cul mais un peu estomaqué par le culot, là où Signes me laissera dubitatif et Le Village...
Par
le 31 juil. 2011
48 j'aime
18
Du même critique
L’espoir est un leurre, prévient Max (Tom Hardy ), version boursouflée et désabusée du Max jadis interprété par Mel Gibson. Sans doute cette formule pourrait-elle résumer à elle seule Mad Max : Fury...
Par
le 15 mai 2015
18 j'aime
2
Encore une fois, le monde s'écroule, dévasté par des extraterrestres ! Les grosses productions américaines ont la mauvaise habitude de se répéter, mais celle-ci fait de la redite son atout. Envoyé...
Par
le 12 févr. 2023
17 j'aime
13
La ville est sous tension, proie d'attentats, soumise à la surveillance policière. Les trains y sont lapidés par de pauvres errants. A peine franchie la barrière des faubourgs s'impose le spectacle...
Par
le 20 sept. 2015
17 j'aime
2