Jusqu'à hier je ne connaissais que de nom cette oeuvre que beaucoup considèrent fondatrice dans la carrière remarquable de Denis Villeneuve.
Pas de suspens, la renommée est méritée. Le rythme est patient, mais ça les habitués de Villeneuve n'en seront pas choqués.
Pour ma part, ce qui déstabilise c'est au départ les dialogues en québécois. Mais cela ne dure qu'un temps. Celui d'installer cette quête de généalogie entreprise dans la douleur, et partiellement sous la contrainte pour les jumeaux qui servent de principaux personnages.
Jeanne et Simon sont deux frères et soeurs lancés à la recherche de leurs racines, bien loin de leur zone de confort, suite au décès de leur mère. A la clé, forcément des surprises, et des surprises qui frappent durement les certitudes. Un récit faisant l'aller retour entre le chemin de croix que fut la vie leur defunte mère et la quête de vérité des jumeaux.
Beaucoup de place est laissée au silence, comme souvent chez Villeneuve. Mais bien souvent, c'est pour donner plus de poids aux impitoyables coups que le scénario assène aux personnages. À ce niveau-là, la mise en scène est savamment dosée de façon à ce que les passages "chocs" soient brefs mais terriblement percutants (le bus, la prison). Je salue également le découpage (le film est reparti en petit chapitres introduisant chacun un élément de l'intrigue) qui permet de mieux assimiler la lenteur du récit. L'arrivée tardive du titre est d'ailleurs significative, elle illustre la progression de l'enquête et comment tous les éléments du testament laissés au départ s'assemblent enfin tel un puzzle.
Enfin, chaque plot twist est amené avec une montée en puissance dont le résultat final est ... incendiaire.