A la fois conte initiatique, puzzle temporel, découverte des origines et par là de l'histoire tragique d'une mère, Incendies nous entraine avec une virtuosité certaines dans les tumultes de la guerre du Liban, vécus à hauteur d'homme (ou plutot de femme). Pas de "big picture", pas de héros, juste l'horreur de certains moments, le tragique du mauvais-endroit-au-mauvais-moment, l'absurdité de systèmes ou de croyances auxquels certains se heurtent malgré eux, et ce qui s'ensuit, le tourbillon, l'escalade si difficile à briser. J'ai beaucoup aimé ce traitement du conflit, toujours vu à l'échelle de l'humain, sans chercher de représentation symbolique à la souffrance, ni à dépasser le simple cadre du fait.
La narration est exemplaire: éclatée, elle ne pêche jamais par un excès de complexité, et tout s'assemble progressivement et logiquement. On alterne passé et présent avec facilité. Le film procède par lieux et par paliers, comme les niveaux d'un jeu qui seraient progressivement débloqués, révélant à chaque fois un peu plus la vérité.
Je le conseille vivement, au cinéma, car mine de rien la reconstitution des décors de guerre et de l'époque est très honnête, malgré un budget visiblement assez modeste, et l'intensité de certaines scènes, notamment des ralentis mis en musique (la scène de tonte au début, impressionnante, impose immédiatement son ambiance) passeront mal sur un petit écran.
Par contre, une petite préparation psychologique à voir des trucs pas forcément faciles est préférable.
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