Deux jumeaux exhument le passé de leur mère, de la guerre à l'exil
Un frère et une soeur se retrouvent dans le bureau d'un notaire. Il s'agit de l'ancien patron de leur maman fraichement décédée et c'est justement du testament dont il est question : la défunte refuse toute pierre tombale si ses enfants ne remettent pas deux lettres à 1/ leur paternel (tiens, il n'est pas mort à la guerre ?) et 2/ leur frangin (tiens, ils ne sont pas que deux dans la fratrie ?). La soeur s'envole alors pour le Moyen-Orient afin de reconstituer le destin de sa mère née là-bas.
Le pays d'origine de la maman est fictif, même s'il évoque le Liban ou la Palestine. Peu importe finalement. En tout cas, musulmans et chrétiens s'y sont férocement affrontés il y a une quarantaine d'années, chaque massacre entraînant inévitablement des représailles toujours plus sanglantes. C'est en fouillant ce passé trouble que le frère et la soeur apprendront que leur mère a été plus qu'impliquée dans cette guerre. Eux qui croyaient bien connaître leur génitrice...
La narration alterne jeux de piste au présent et flashbacks. Les éléments s'imbriquent les uns dans les autres dans une logique implacable et, au fil des rencontres, quelques vérités enfouies refont surface, apportant leur lot de souffrance et colère. Pour autant, le réalisateur présente l'horreur avec une certaine pudeur. La violence - extrême - est bien présente, mais l'émotion des personnages est comme comprimée. Incendies n'a rien du tire-larmes grossier, et c'est sans doute pour cela qu'il est poignant, notamment dans sa dernière partie.
Si les révélations finales poussent ce drame familial vraiment très loin, j'ai pour ma part été embarqué de bout en bout. Chapeau bas aux deux actrices principales, la Belge Lubna Azabal (la mère) et la Québécoise Mélissa Désormeaux-Poulin (la fille), toutes les deux impressionnantes de justesse.