Inspiré de la pièce de théâtre de Wajdi Mouawad, elle-même inspirée de la vie de Souha Bechara (merci wiki), mais n'ayant pas lu le pitch avant de le voir, je ne m'attendais pas du tout à ce genre de film de la part du réalisateur de Prisoners...
Et heureusement d'ailleurs que je ne le connaissais pas le pitch d'Incendies, parce qu'étrangement, mais c'est comme ça, les films à base de religion et/ou de terrorisme (au sens large du terme) se passant au Moyen-Orient ne sont généralement pas trop ma came. Denis Villeneuve ou pas. Surtout que si en plus on m'avait dit que les dialogues en arabe - assez présents - ne seraient pas traduits (à moins qu'il ne s'agisse que de ma version honteusement streamée ?), ni même ceux en québécois (oh que je suis mauvaise langue !), ben j'aurais pas été près de m'y mettre pour tout dire ; et ce malgré les recommandations d'un p'tit nouveau chez mes éclaireurs, que gracieusement je ne citerai pas pour lui éviter un début de melonite aigüe. :P
Bon, trêve de bavardages : le film. Déjà, grosse surprise d'entrée avec du Radiohead. Sur You and Whose Army ? un gamin avec trois petits points au talon se fait raser le crâne au milieu d'autres, et défie la caméra. Y a comme une sorte de décalage avec la zic (qui par ailleurs ne sera pas trop présente), mais cette intro me plaît. La suite repartira sur du plus classique : chez le notaire - ancien employeur et ami de la mère (Nawal) - ses jumeaux (Jeanne et Simon) héritent à son décès. Une mère depuis longtemps mutique qui écrira dans son testament ne pas vouloir de funérailles normales, ce qui exaspère le fils, mais qui surtout leur lègue deux enveloppes : l'une pour leur père qu'ils croyaient décédé, l'autre pour un frère dont ils n'avaient jamais entendu parler. Le fils pense qu'il s'agit là d'une dernière fantaisie de leur mère, la fille veut en savoir plus et part seule au Moyen-Orient à la recherche de ces deux hommes...
Je n'en dirais pas plus parce que ça vaut vraiment le coup de ne pas en savoir plus. Mais quel scénario ! Un truc de ouf ! Ceci dit, sa mise en place s'avère un peu longuette, bien qu'intrigante. De manière plus générale, le rythme reste assez lent mais aussi relativement extatique - un peu comme un Babel fauché, auquel ce film m'a souvent fait penser dans sa réalisation.
La jeunesse de Nawal donc, découpée de manière intelligente en vue du dénouement, nous fera très vite comprendre que son mutisme était lié à de multiples traumatismes passés. Mais c'est à partir de la terrifiante et puissante scène du bus que le film prendra toute sa dimension selon moi. Putains de fanatiques religieux de tous bords ! Chiens trop fidèles ! :(
Mais pas facile de jongler avec les religions dans la région. J'nous y verrais nous... C'est pourtant ce qui sauvera Nawal de la mort, mais pas de terribles souffrances, afin qu'elle puisse laisser au monde ces deux beaux enfants que même leur père ne pourrait reconnaître... Deux beaux enfants qui comprendront finalement que même si toute vérité n'est pas toujours bonne à connaître, celle-ci leur permettra au moins de se rapprocher de leur défunte mère et de lui pardonner ses absences...
Bien ficelé, pas mal joué, mais surtout bouleversant comme histoire. Une histoire vraie, faut-il le rappeler !
PS : par contre, je les trouve un peu trop "blancs de peau", ou du moins "physiquement occidentaux" les jumeaux, non ?