« Because, in my dreams we are together. » DOMINIC COBB

Au début des années 2000, Christopher Nolan travail sur un film racontant l'histoire d'un voleur de rêves. À l'origine, le scénariste / réalisateur l'avait conçu comme un film d'horreur, mais l'a finalement transformé en un thriller et en film de casse. Il pense que le genre initial ne peut plus fonctionner parce que son histoire est devenue très fortement liée à l'idée d'un état intérieur envahi par les rêves et la mémoire, elle nécessite donc de creuser l'état émotionnel des personnages plutôt que de ne se concentrer sur l’horrifique.

Christopher Nolan présente son projet au studio Warner Bros. Pictures, mais le studio pense que le cinéaste a besoin de plus d'expérience sur des films de grande ampleur avant d’obtenir le budget nécessaire à la réalisation de son film qu’il nomme : Inception.

Christopher Nolan va donc réaliser Batman Begins en 2005, The Prestige en 2006, puis The Dark Knight en 2008 pour le compte de la Warner Bros. Pictures. Après son dernier film, le cinéaste a finalement passé des mois à réécrire le scénario pour s'assurer qu’il soit accepter par le studio de production.

D’autant plus que le budget sera énorme, parce que dés que l'on parle des rêves, le potentiel de l'esprit humain est infini. Et donc l'échelle du film doit paraître illimitée. On doit avoir le sentiment que ça pouvait aller partout et nulle part.

Inception sort finalement en 2010 entre The Dark Knight et The Dark Knight Rises.

Dominic Cobb (vous remarquerez que c’est le même nom que le voleur dans Following, le premier métrage de Christopher Nolan) est un voleur expérimenté dans l'art de l'extraction qui consiste à s'approprier les secrets d'un individu, enfouis dans son subconscient, pendant qu'il rêve. Très recherché pour ses talents, Cobb est aussi devenu un fugitif traqué dans le monde entier. Cependant, une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie d'avant.

Christopher Nolan commence son film avec la structure d'un film de casse, l'introduction étant un élément essentiel du genre, bien qu'il soit ici adapté avec un côté narratif émotionnel plus travaillé, allant de pair avec le monde des rêves et du subconscient. Dispositif assez formel dans les films du genre, où la préparation du casse occupe la première partie du film (l'équipe se rassemble, le chef explique le plan, etc...), de façon bien tranchée avec la partie du casse lui-même, l'exposition a un aspect continu alors que le groupe progresse dans les différents niveaux de rêve : les explications sont données en temps réel. Ainsi, les trois quarts du film, jusqu'à ce que le van commence sa chute du pont, sont dévolues à expliquer le plan. L'exposition prend le pas sur la description des personnages : leurs relations sont conditionnées par leurs aptitudes et rôles respectifs.

Le rôle de Ariane (Ariadne en anglais) est inspiré par la princesse homonyme de la mythologie grecque, fille du roi Minos et sauveuse du héros Thésée en l'aidant à s'échapper du labyrinthe qui retenait le Minotaure. Ariane incarnée par Ellen Page est une combinaison parfaite de fraîcheur et de jugeote et de maturité. Son personnage est en quelque sorte un intermédiaire entre le public et l'histoire, puisqu'elle apprend en même temps que les spectateurs le concept des rêves partagés, le concept de l’inception. C’est elle qui va poser toutes les questions.

Joseph Gordon-Levitt, Tom Hardy, Ken Watanabe et Dileep Rai sont des personnages fonctionnels, comme dit plus haut, ils ont un rôles bien spécifiques qui ne nous donne pas l’accroche nécessaire pour se soucier d’eux. Même Michael Caine, très discret, reste une fonction dans le récit.

Seul Leonardo DiCaprio, qui semble aussi perdu que les spectateurs quand il doit savoir si il est dans ses rêves ou la réalité, et sa regrettée épouse Marion Cotillard ont un développement. Mallorie Cobb, Mal de son surnom, est le principal antagoniste. Elle m'a donné des frissons dans le dos pendant tout le film. Sa présence me perturbe autant qu'elle perturbe les rêves de Cobb. Marion Cotillard joue parfaitement la folle, hystérique, incontrôlable et irrationnelle. Sa présence appelle instinctivement la mort. De toute façon son surnom : Mal nous donne que très peu de doute sur son rôle au sein des rêves de Cobb. Ce dernier est incapable de contrôler ces projections de sa propre culpabilité dans le suicide de sa femme, remettant en cause ses capacités d'extracteur.

La chanson Non, je ne regrette rien, chantée par Édith Piaf, apparaît à plusieurs reprises. Dans le film, ce titre annonce en effet le passage à une autre réalité. Par ailleurs, le compositeur Hans Zimmer a réutilisé certains morceaux de la partition dans la musique du film : en effet, il a révélé que toute la bande originale du film est basée sur cette chanson et que toute la musique de la bande-son est faite de subdivisions et de multiplications du tempo cette dite chanson. L'utilisation de Non, je ne regrette rien a été encouragée par Christopher Nolan lui-même, qui l'avait déjà incluse dans tout le script (même avant l’arrivée de Marion Cotillard qui a jouée Édith Piaf dans La Môme). L'un des éléments caractéristiques de la bande son est un choc puissant de basses, formé à partir de cette même chanson : cet élément, appelé Inception Sound a été utilisé à outrance dans les bandes annonces de films d'actions qui ont suivi.

La victime de ce complot sera interpréter par Cillian Murphy parfait pour le rôle de gamin fortuné et irritable qui ne sait plus où il en est après la mort de son père, il a tout sur le plan matériel, mais il a un profond manque émotionnel.

Techniquement, la maitrise est constante. Qu'importe l'ambition visuelle, elle est toujours à la hauteur des moyens mis en place. Christopher Nolan a l'intelligence de préférer les effets spéciaux mécaniques aux numériques, et de tourner dans de véritables espaces plutôt que sur fond vert. Cela se ressent et les distorsions de l'espace prennent toutes leurs dimensions.

Inception sera récompensé par quatre Oscar dont celui de la meilleure photographie, du meilleur montage son et du meilleur mixage son, ainsi que des meilleurs effets visuels.

La fin du film est volontairement incertaine. Le générique de fin apparaît brutalement après un plan de quelques dizaines de secondes où la toupie tourne sur la table, menaçant de tomber sans jamais le faire, invitant le spectateur à spéculer sur le caractère réaliste ou onirique de la séquence précédente où Cobb retrouve finalement ses enfants. Christopher Nolan admet avoir voulu jouer sur l'ambiguïté de la toupie qui ne tombe pas pour ne pas donner une explication claire qui nuirait au film.

Et puis, le but n’est pas de savoir si la toupie tourne encore ou non, mais il faut bien voir Dominic Cobb ne regarde pas la toupie : il regarde ses enfants, et laisse la toupie derrière lui. Là se trouve la véritable signification émotionnelle de la fin du film.

Une autre des dernière scène, celle de l'aéroport, où tous les braqueurs se retrouvent sans se dire un mot est pleine de sens. On sent la fierté du travail accompli pour tout le monde et les difficultés qu'ils ont endurés. Je suis persuadé que chacun d'entre eux savent qu'ils ont fait parti d'un des meilleurs films des années 2010 et cette scène représente leur fierté.

Si Inception peut se montrer un peu exigeant, il n'en reste pas moins, et surtout, un film à grand spectacle particulièrement divertissant. Les excellentes idées de mise en scène fusent, les rebondissements s'avèrent plutôt bien maîtrisés et le métrage va même jusqu'à explorer des sujets graves sans s'y appesantir lourdement.

StevenBen
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de Christopher Nolan

Créée

le 17 juil. 2023

Critique lue 19 fois

Steven Benard

Écrit par

Critique lue 19 fois

D'autres avis sur Inception

Inception
zombiraptor
4

Infection

20 Septembre 2013 - An 3 après Infection. Voilà trois ans que le virus s'est déclaré, provoquant d'abord des petits changements, légers soubresauts de publics et rumeurs diverses s'amplifiant...

le 20 sept. 2013

332 j'aime

119

Inception
lagayascienza
4

Critique de Inception par lagayascienza

Bonjour, je suis Christopher Nolan. Je me permets d'interrompre l'action de mon film pour m'assurer que vous avez bien compris les risques incroyables que s'apprêtent à prendre les personn-BONJOUR,...

le 18 août 2010

254 j'aime

34

Inception
Aurea
5

Beaucoup de bruit pour rien !

Un film qui utilise à plein les ressources fantastiques de la technologie actuelle, ce qui pour moi ne suffit pas à en faire un film fantastique, entendez qui "révolutionne le monde du cinéma",...

le 28 août 2011

146 j'aime

127

Du même critique

L'Initiation - Dragon Ball, tome 3
StevenBen
7

« Si tu veux un conseil, n’utilise pas toute ta force… » SANGOKU

Comme la majorité des jeunes français, j’ai connu Dragon Ball le 02 mars 1988 sur TF1, dans le Club Dorothée. J’étais loin de me douter que ce dessin animé était l’adaptation d’une bande dessinée,...

le 18 oct. 2022

2 j'aime

3

Kaméhaméha - Dragon Ball, tome 2
StevenBen
7

« Il m’avait dit de ne pas la regarder mais je l’ai fait quand même ! » SANGOKU 

Comme la majorité des jeunes français, j’ai connu Dragon Ball le 02 mars 1988 sur TF1, dans le Club Dorothée. J’étais loin de me douter que ce dessin animé était l’adaptation d’une bande dessinée,...

le 17 oct. 2022

2 j'aime

3