Je dois avouer avoir longtemps été sceptique vis-à-vis de ce film avant son visionnage pour des raisons obscures que j'ignore moi-même tant j'ai fini par apprécier le film. On leur reproche souvent de ne pas être ce que l’on attendait qu’ils fussent, au risque de les juger à l’aune de nos préjugés.


Mais ce n’est pas ainsi que j’imagine la critique que je dois faire : d'abord identifier ce que fait le réalisateur puis se demander s'il le fait bien. Il est évident qu’une telle démarche n’échappe pas à la subjectivité mais au moins cette dernière peut s’orienter vers de nouveaux horizons – la fameuse et précieuse « ouverture d’esprit » qui permet de s’intéresser aux choses pour lesquels nous avions un a priori négatif. Pour ma part, après 2h30 de spectacle, j'étais époustouflé. Je ne pouvais m’empêcher de songer à toutes les pistes suggérées par le réalisateur, toutes ces idées qui demeuraient à l’esprit, avec la musique assez inoubliable de ce film qui ne me laissait pas indifférent.


Et puisqu'il s'agit d'une apologie, faisons brièvement le tour des reproches adressés au film.



  • Tout d'abord, le film serait monté comme une longue bande-annonce. Il me semble au contraire que le montage adopté par Nolan soit en cohérence avec son propos, et bien que son langage cinématographique ne soit pas celui des réalisateurs plus confidentiels, cela n’en constitue pas pour autant un défaut.

  • D’autres se sont plaints de l’opacité de cet univers alors que tout y est expliqué par les dialogues quand cela ne l’est pas par l’image.

  • Concernant les thèmes abordés par le scénario, je les considère bien exploités. Certes, ils sont ceux inhérents aux exigences du blockbuster – mais il n’existe pas une infinité de sujet à exploiter. L’histoire d’amour tragique semble avoir laissé de marbre de nombreux spectateurs, alors même qu’elle est évoquée avec une insistance justifiée et une certaine mélancolie douce amère. La relation père/fils, subtilement analysée au travers du personnage de Robert Fisher, prend tout son sens dans le contexte de l’histoire.

  • Enfin, on reproche au scénario de ne pas approfondir ses thématiques, ce qui relève pour moi au contraire d'une suggestion à laquelle il nous convient de réfléchir pas nous-même, car n'étant pas le propos premier du film, elles servent d’une surtout à approfondir les personnages et étayer leurs motivations dans cet univers.


Rien de ce qui a pu être dit n'aura pu me gâcher le plaisir que j'éprouve à le voir et l'admiration que je peux voir pour lui. Et la musique y est pour beaucoup, tant elle est immersive et a fait l'objet d'une véritable recherche (bien que le cor d’Inception soit devenu la norme dans la B.O. de tout blockbuster lambda, les autres pistes sont d’une grande originalité, en témoigne l’inoubliable « Time »). En effet, Nolan et Zimmer font figure de modèle dans la musique de blockbuster. Après 2005, tout le monde voulait la musique de Batman Begins, en 2010 celle d’Inception ; la dernière étape ayant été franchi par Interstellar qui s'affranchit une nouvelle fois des codes. Ainsi, ils demeurent à l'avant-garde de cet Hollywood du divertissement dont l’originalité est en perte de vitesse, et qui se repose de plus en plus sur les sequels, prequels, reboot (petite liste rien qu'en 2015 : Avengers 2, Divergente 2, Le Labyrinthe : la terre brûlée, Hunger Games 4, Mad Max 4, Jurassic Park 4, Terminator 5, Mission Impossible 5, Fast and Furious 7, Star Wars 7, et le retour des Fantastic Four).


Mais si Nolan est aujourd'hui quelque peu dénigré, on admirera son travail dans 20 ou 30 ans. C’est ainsi que lorsque je visionne des classiques du cinéma, si l’histoire ne me passionne pas, j’apprécie tout du moins ce que le film a apporté au cinéma en termes de technique et d’inventions (comme Le voyage dans la Lune et Le magicien d’Oz ont pu le faire). Car les images sont le résultat de ce travail ; et quelles images ! Il me semble qu'on oublie parfois trop vite les prouesses techniques que requiert certaines séquences : se dire que la destruction de la demeure et la scène de l’ascenseur sont authentiquement filmées ne parait pas toucher grand monde.


Pour conclure cette critique, j'avouerai que je me dois de faire une différence entre film parfait et film que j'ai énormément aimé. Je dirai donc que tout en lui reconnaissant ses imperfections dans l’exécution de sa gageure technique et scénaristique, Inception jouit d’une notoriété et d’un amour auprès du public (dont je fais partie) qui l’inscrit comme l’un des plus influent de la décennie en cours.

Gwynplain
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le 20 juin 2015

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Gwynplain

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