Premier film jordanien à être sélectionné au Festival de Cannes, Inchallah un fils s'inscrit dans la lignée des films moyen-orientaux qui tracent un portrait de femme en lutte pour son honneur, sa survie et son indépendance. Qu'y a t-il de pire à Amman que d'être mère (d'une fille, hélas) devenue veuve prématurément, comme Nawal, dans une société régie par les hommes et Dieu, ce dernier invoqué lorsque cela arrange la gent masculine ? Aussi prenant qu'un long-métrage des Dardenne ou de Loach, Inchallah un fils impressionne par son intelligence et fluidité narratives, en privilégiant le réalisme, tout en soulignant l'absurdité progressive des situations qui enferment son héroïne dans un combat sans merci contre des ennemis qui font souvent partie de sa propre famille. Nulle lourdeur n'apparait dans les thématiques abordées, avec une maîtrise exceptionnelle, de l'avortement au harcèlement de rue, en passant par les questions de la réputation et de la perte d'identité sociale, pour une femme qui a perdu son époux. Le côté édifiant de l'ensemble n'est jamais accentué par la mise en scène de Amjad Al Rasheed (38 ans), auteur jusqu'alors d'un seul court-métrage. Dans le rôle principal, l'actrice palestinienne Mouna Hawa est tout bonnement incroyable pour faire passer toutes les nuances d'une personnalité complexe, pratiquement seule contre tous, que l'on aimerait tellement aider et avoir pour amie.