Premier film jordanien à être sélectionné au Festival de Cannes, Inchallah un fils s'inscrit dans la lignée des films moyen-orientaux qui tracent un portrait de femme en lutte pour son honneur, sa survie et son indépendance. Qu'y a t-il de pire à Amman que d'être mère (d'une fille, hélas) devenue veuve prématurément, comme Nawal, dans une société régie par les hommes et Dieu, ce dernier invoqué lorsque cela arrange la gent masculine ? Aussi prenant qu'un long-métrage des Dardenne ou de Loach, Inchallah un fils impressionne par son intelligence et fluidité narratives, en privilégiant le réalisme, tout en soulignant l'absurdité progressive des situations qui enferment son héroïne dans un combat sans merci contre des ennemis qui font souvent partie de sa propre famille. Nulle lourdeur n'apparait dans les thématiques abordées, avec une maîtrise exceptionnelle, de l'avortement au harcèlement de rue, en passant par les questions de la réputation et de la perte d'identité sociale, pour une femme qui a perdu son époux. Le côté édifiant de l'ensemble n'est jamais accentué par la mise en scène de Amjad Al Rasheed (38 ans), auteur jusqu'alors d'un seul court-métrage. Dans le rôle principal, l'actrice palestinienne Mouna Hawa est tout bonnement incroyable pour faire passer toutes les nuances d'une personnalité complexe, pratiquement seule contre tous, que l'on aimerait tellement aider et avoir pour amie.

Créée

le 6 juil. 2023

Critique lue 854 fois

9 j'aime

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 854 fois

9

D'autres avis sur Inchallah un fils

Inchallah un fils
AnneSchneider
8

En Jordanie, naître femme ou n’être pas

Où l’on découvre que, dans la Jordanie actuelle, une veuve, même mère, n’est que de peu de poids, parmi les héritiers de son défunt mari, si elle n’est pas mère d’un fils… C’est ce dont...

le 10 mars 2024

9 j'aime

2

Inchallah un fils
Cinephile-doux
8

Veuve contre tous

Premier film jordanien à être sélectionné au Festival de Cannes, Inchallah un fils s'inscrit dans la lignée des films moyen-orientaux qui tracent un portrait de femme en lutte pour son honneur, sa...

le 6 juil. 2023

9 j'aime

Inchallah un fils
Sergent_Pepper
7

Pick (me) up

Il n’est pas difficile de faire de la vie d’une femme en Jordanie un thriller : tout, dans cette société corsetée par les traditions et un patriarcat inamovible, contribue à contraindre et rendre...

le 11 mars 2024

6 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13