Très chouette, cet Incident de frontière !
Après avoir bien pris mon pied devant les nombreux westerns d'Anthony Mann, je m'attaque désormais aux autres volets de sa filmo, à commencer par ce film noir, curieusement peu souvent cité lorsque l’on parle du monsieur.
Et c'est bien dommage, parce que j'ai trouvé ce film tout aussi solide que ses westerns les plus fameux.
Alors ça commence de manière curieuse, puisque le film s'ouvre (puis se refermera) comme un reportage, que l'on croirait commandé par la Maison-Blanche tant le discours y est grossier (en substance : les gentils travailleurs mexicains qui veulent venir bosser aux USA sont parfois victimes de méchants passeurs qui les escroquent et les tuent, c'est pourquoi il faut absolument arrêter cela afin que ces braves Mexicains puissent continuer à paisiblement venir aux USA se faire exploiter comme main-d'œuvre sous-payée), mais, passée cette ouverture surprenante, le film est franchement réussi.
On retrouve d'ailleurs, après cette courte introduction posant le contexte, l'une des forces incontestables des films de Mann, à savoir une efficacité à toute épreuve dans la narration et l'exécution : ici encore, le récit est sommaire et les enjeux limpides, ici encore le film est court et ne s'encombre d'aucun gras et ici encore tout le monde joue très bien – en somme, ici encore tout est d’une redoutable efficacité. L'enquête est à la fois très simple et absolument passionnante à suivre – du côté de l'agent mexicain comme du côté du ricain – et offre dans ses deux volets son lot de scènes bien tendues. Car, pour le coup, le contexte de la frontière Mexique-USA est une super toile de fond à cette mission d'infiltration.
Le film ose par ailleurs, à vingt minutes de sa fin, un coup de théâtre assez violent et inattendu qui m’a agréablement surpris. Le plus fou étant que la jaquette de mon DVD le révélait sans pression, ce qui m’avait bien emmerdé alors que je m’apprêtais à lancer le film. Et finalement, complètement happé par le film, j’en ai oublié ce que je venais de lire et l’évènement m’a surpris. Si ce n’est pas formidable…
Bref, c'est bien.