Un film qui possède toutes les caractéristique d'une commande du ministère de l'immigration.
On nous y explique, de façon compréhensible par un enfant de quatre ans, que les gentils policiers américains et mexicains voudraient bien faire leur possible pour aider les gentils travailleurs clandestins abusés sournoisement par des passeurs sans vergogne (qui ne sont là que pour les rançonner à l'aller et les dépouiller et les assassiner au retour) et exploités par des esclavagistes sans morale une fois parvenu au paradis terrestre : les gigantesques exploitation de Californie.
Pour bien tout nous faire comprendre, nous allons suivre un flic mexicain déguisé en clandestin qui va remonter la filière et un flic US en soutien qui travaillent en bonne intelligence et avec une fraternité entre les peuples qui m'a presque fait couler une larme.
Alors moi, franchement, si le reste avait été bien fait, le côté propagande, je m'en tamponnais le coquillard, mais hélas, rien de ça ici. Une jolie photographie et des cadrages intéressants, voilà bien les rares côtés positifs du film. Pour le reste, c'est le néant : l'histoire qui a l'air de mobiliser aux plus hauts niveaux des deux Etats, concerne en fait deux ou trois méchants de chaque côté de la frontière et n'impliquera au sein des forces de l'ordre à peu près que nos deux héros, joués par un Ricardo Montalban transparent et un George Murphy aussi dénué de charisme que du plus élémentaire talent.
Au milieu de cette purge on peut presque sauver Howard Da Silva, l'immonde crapule des Conquérant d'un Nouveau Monde, qui joue ici l'exploitant exploiteur avec tout le vice et la saloperie qu'on lui connait. Pruneau lui trouve un faux air de double maléfique, gras et hideux de James Stewart, mais ça n'engage que lui.
Il y a en bonus un habitué chez Mann, le Jason Statham de son époque, Charles McGraw et son faciès de brute dégénérée.
Les bandits mexicains sont très laids aussi, égalité de traitement oblige. Pruneau poussait des cris à chaque apparition d'Alfonso Bedoya, et je ne peux lui en vouloir, quant à Arnold Moss qui joue El Zopilote, sa seule qualité est peut-être d'avoir un peu inspiré Jijé pour son album de Jerry Spring du même nom...
Alors bon, en résumé, une série B assez décevante, quelques fulgurances du réalisateur ne peuvent sauver l'ouvrage du naufrage et de l'oubli. Ca tombe bien d'ailleurs, personne ne connait ce film de toutes façons...