Confesser... confesser... confesser...
Incubus est un thriller d'horreur réalisé par John Hough basé sur le roman de Ray Russell, qui présente une histoire repoussante où il faut avoir les nerfs solides avec son intrigue principale articulée autour d'un violeur en série qui laisse pour morte ses victimes dans des états lamentables. Des pauvres femmes qui meurent dans d'abominables souffrances à cause d'un sperme rouge particulièrement agressif, servi en telle quantité que cela les détruits de l'intérieur. Une abomination à laquelle s'ajoute des utérus éclatés par la proéminence de l'agresseur. Une affaire sordide comptant des policiers totalement dépassés par la violence des évènements, à laquelle s'ajoute le docteur Sam Cordell (John Cassavetes) qui participe à l'enquête en tant qu'expert chirurgicale à la demande du shérif Hank Walden (John Ireland), qui sera rejoint par la journaliste Laura Kincaid (Kerry Keane). Ensemble ils vont tenter de comprendre et d'élucider les atrocités commises durant les viols et les meurtres dont ne cesse de rêver le petit copain de Jenny Cordell (la fille du Dr Cordell par Erin Flannery) : "Tim Galen" (Duncan McIntosh) lorsqu'ils se produisent. Des éléments épouvantables qui finiront de convaincre le trio du rapport surnaturel et monstrueux de l'agresseur, qui n'est autre qu'un incube métamorphe, dont il va falloir trouver l'identité au sein d'une liste de suspects à dimension intimiste dont on ne cesse de se demander lequel est le loup déguisé en agneau.
Une histoire à suspense intrigante qui dès les premières minutes captive l'attention du spectateur avec une scène d'ouverture dans la droite lignée d'un slasher, durant laquelle Roy Seeley (Matt Birman) et sa petite amie Mandy Pullman (Mitch Martin), qui profitent d'un moment intime au bord d'un lac, sont sauvagement attaqués. L'homme est assassiné tandis que la jeune femme est brutalement violée. Un démarrage incisif auquel se greffe d'autres péripéties tout aussi diaboliques entre l'agression d'une bibliothécaire, celle d'une famille dans une maison familiale, ou encore d'une jeune femme dans un cinéma, jusqu'au dénouement implacable. Malheureusement, le scénario est chancelant à cause d'une écriture qui se perd dans des sous intrigues inutiles responsables d'un rythme amorphe qui par moments ralentis l'action au point de la rendre somnolente. Une désillusion tout à fait regrettable au vu des bonnes idées qui jonchent le récit notamment dans sa résultante finale. Une conclusion où il faut avoir le cœur solide !
Techniquement, Incubus est une énigme. Capable du meilleur comme du pire.
Le meilleur :
- Une cinématographie composée de choix artistiques ingénieux comme avec l'utilisation de la vue subjective pour matérialiser le monstre, qui ne se découvrira que durant l'acte de fin.
- La réalisation des cauchemars de Tim, qui rêve de bourreaux cagoulés qui torturent une femme ligotée qui n'est nulle autre que sa mère à travers une matérialisation onirique bien élaborée.
- La violence graphique qui malgré quelques images substantielles est avant tout détournée lors des viols en cadrant en gros plan le visage douloureux des victimes, pour mieux laisser la suggestion opérer évitant au film de tomber dans la gratuité d'un gore pornographique malsain.
Le pire :
- Le design dégueulasse de l'incube ! Une conception clownesque un brin navrant.
- Un montage scabreux ! Aïe, aïe, aïe... Certaines scènes sont tellement mal montées / coupées entre deux plans qu'on a l'impression que cela a été fait à la tronçonneuse.
- Des effets sonores qui piquent aux oreilles ! Si la composition musicale n'a rien de détestable ainsi que les choix sonores, l'utilisation de ceux-ci est catastrophique. Un véritable boucan sur une utilisation si forte en aigu que cela vient par moments faire bourdonner les oreilles.
La distribution est sympathique avec en tête John Cassavetes, qui dans le rôle du docteur Sam Cordell offre une interprétation efficace. Une approche possessive et ténébreuse autour d'un personnage très ambigu dont on ne cesse de se demander s'il est gentil ou taré. On sent que quelque chose cloche avec lui, notamment dans la relation presque incestueuse qu'il entretient avec sa fille. Erin Flannery sous les traits de Jenny Cordell, la fameuse fille du docteur, est à l'image de son père : difficilement sondable. Si le père maintient une posture mystérieuse par le biais d'une approche obscure, la fille maintient une posture similaire mais sous une approche fragile et luminescente. Kerry Keane en tant que Laura Kincaid amène une position énigmatique appréciable qui laisse songeur quant à la relation qu'elle entretient avec le doc. Duncan McIntosh pour Tim Galen avec ses visions horrifiques est crédible sous la peau d'un protagoniste instable : hanté par les visions terribles des crimes commis par l'incube. Sa connexion avec la créature interroge. Finalement : « Tout le monde est suspect ! ». Seul John Ireland pour le shérif Hank Walden est anecdotique.
CONCLUSION :
Incubus réalisé par John Hough est un film d'horreur très particulier à juger. Une œuvre que l'on n'a pas envie de détester tant elle est parsemée de bonnes idées malheureusement desservies par des erreurs regrettables. Un long-métrage continuellement juxtaposé entre du positif et du négatif, si bien qu'il est difficile d'être pleinement tranché à son égard. Un 5/10 adressé avec bienveillance !
Une pièce horrifique que je conseille de regarder malgré la moyenne attribuée.