Inde, terre mère par Teklow13
Pour la petite histoire, Rossellini réalisa India au cours d'un voyage de neuf mois où il traversa le pays de Bombay à Mysore en passant par Bénarès.
Les images qu'il rapporta sont autant un recueil historique de l'Inde à cette époque, la vie dans les villes et les campagnes, qu'un fabuleux livre de contes.
C'est une déclaration d'amour à un pays, un poème et une médiation sur la vie, la nature, l'homme et les animaux.
Rossellini alterne l'image documentaire, descriptive de lieux, de mœurs, avec une image flottante, à la frontière entre la fiction et le documentaire. Un peu à l'image d'un Jean Rouch en quelque sorte, il semble partir d'un constat réel, filme des situations réelles ou qui semblent l'être et agence les images pour créer des contes presque universels.
Et à travers ces contes se dessine sa vision de l'Inde. Ainsi il nous raconte l'histoire d'amour entre un cornac et la fille d'un montreur d'ombres chinoises, qu'il intercale avec l'histoire des éléphants dont il s'occupe. L'histoire d'un homme qui participa à la construction d'une digue. Celle d'un vieil homme qui passe ses journées dans la jungle à méditer, accompagné de ses deux bœufs. Jusqu'à ce que l'arrivée de prospecteurs entraine la fuite de la riche faune sauvage. Et enfin celle d'un saltimbanque et son singe. Rossellini insère au milieu de ces récits, des visions poétiques, d'une beauté sidérante, sur le Gange, la jungle, la faune et les hommes qui peuplent ce territoire.
Ce film est une merveille, peut être la plus belle, sobre, et respectueuse vision de l'Inde vu par un occidental. C'est aussi un formidable film de mise en scène, le cinéaste ne se contente pas de poser sa caméra pour capter bêtement un décor ou des gens. Il filme du réel et retranscrit dans chaque plan la beauté de la vie qu'il capture, magnifiée par la sensibilité du montage et son émotion de cinéaste et d'homme.