Après l'Arche d'Alliance et les pierres de Sankara, Indiana Jones se lance pour sa troisième aventure à la recherche du Saint Graal. L'objet légendaire est un objet mythique de la légende Arthurienne. C'est l’objet de la quête menée par les chevaliers de la Table ronde. Le Saint Graal est souvent associé à la coupe dans laquelle Jésus Christ aurait bu lors de son dernier repas et où son sang aurait coulé lors de sa crucifixion.

Les deux copains George Lucas et Steven Spielberg se demandent si ils doivent utiliser le Saint Graal dès le prologue du film, dont l'action se serait située en Ecosse, dans un château hanté (une idée abandonnée de Indiana Jones and the Temple of Doom). Finalement Steven Spielberg refuse l'idée du Saint Graal, trop emprunt, selon lui, de spiritualité.

Chris Columbus, qui a déjà écrit Gremlins, The Goonies et Young Sherlock Holmes, s’occupe de la première écriture du script. Il voit Indiana Jones partant sur la piste du Roi Singe et de la Fontaine de Jouvence. Le scénario fera l'objet d'un second brouillon, mais Steven Spielberg le rejettera, n'ayant pas le courage d'aller tourner en pleine Afrique subsaharienne des scènes où Indiana Jones poursuit un tank nazi à dos de rhinocéros.

George Lucas propose alors à Steven Spielberg de retravailler sur l'histoire du Saint Graal, et propose d'y ajouter une dimension familiale en introduisant le père de Indiana Jones. C'est cette idée qui sera le point de départ du nouveau script. Le scénariste Jeffrey Boam travail donc sur la chasse, désormais familial, du Saint Graal, ainsi que sur le prologue centré sur La Croix de Coronado sur les recommandations de Steven Spielberg.

Indiana Jones and the Last Crusade sort en 1989.

Le titre du film place directement l'aventure de Indiana dans la continuité des croisades du Moyen-Âge. Il n'est pas question ici de délivrer le tombeau du Christ, mais de retrouver le Saint Graal. Ainsi, Indiana Jones se situe dans une double tradition. Il s'agit d'abord d'une tradition historique puisque la référence aux croisades le place dans une position analogue à celle des chevaliers qui ont fait le voyage en Palestine au nom de leur foi. Ces chevaliers sont représentés dans le film par les trois frères et notamment le survivant rencontré par le héros. Avec elle, c'est une autre tradition qui émerge, littéraire cette fois : celle du cycle Arthurien. En effet, la légende du roi Arthur, qui est reprise dans les romans de chevalerie, fait de la quête du Saint Graal un enjeu majeur. Lorsque Indi arrive finalement dans la salle où repose le Graal, le dernier des trois frères, encore en vie, grâce au pouvoir merveilleux du Graal, voit aussitôt en lui l'élu qui avait été annoncé et doit le remplacer. Avec le Graal, Steven Spielberg introduit également dans son film le merveilleux des romans Arthuriens puisqu'on attribue à cet objet le pouvoir de donner la vie éternelle. C'est donc de manière très explicite que la quête du Graal rattache l'aventure de Indiana Jones à l'univers des romans de chevalerie.

Cependant, cette quête ne doit pas occulter la deuxième quête du personnage qui s'avère être plus essentielle pour lui. En effet, si Indi s'engage dans les pas des chevaliers du cycle Arthurien, sa motivation première n'est pas véritablement de retrouver le Graal. Il n'a accepté la mission que parce que c'est le seul moyen de retrouver son père, disparu pendant qu'il était lui-même à la recherche de l'objet sacré. Indiana s'engage donc dans une quête beaucoup plus personnelle. On peut comparer Indiana au personnage de Lancelot qui part à la recherche de Guenièvre, la femme d'Arthur. Les similitudes sont nombreuses. En effet, il s'avérera en fait que le père de Indiana a été enlevé par les nazis comme Guenièvre par Méléageant et qu'il est retenu, comme elle, dans un  château. Par ailleurs, le gain que les héros espèrent en accomplissant leur mission est très similaire : reconnaissance de leur valeur par la personne qu'ils veulent sauver. A aucun moment il ne s'agit donc de gains matériels. Retrouver la dame, ou le père, c'est chaque fois l'occasion de prouver son mérite et de manifester ses sentiments par des actes plus que par des mots.

Harrison Ford et Sean Connery sont donc père et fils, Indiana Jones et Henry Jones. Bien que leur relation soit confuse et compliquée, les deux hommes se complètent, se marient à merveille grâce à la mise en scène : l’un est construit sur un mouvement centripète, le nez dans les livres, tandis que l’autre est axé sur une épreuve centrifuge de la vie. Ils sont la personnification de la tension des contraires. Le mimétisme, le dédoublement familial du film, afin de parvenir à un éternel idéal qui se symbolise dans la coupe dans laquelle a bu le Christ lors de son dernier repas. Le choix de Sean Connery pour incarner le père de Indiana Jones est très juste quand on sait que Indi est le James Bond que Steven Spielberg n’a jamais pu porter à l’écran.

Ce troisième volet est aussi une quête vers l’âge adulte. En effet, jusqu’à là, nous avions toujours vu Indiana Jones comme l’archétype de l’homme : dur à cuire, séducteur et sûr de lui. À aucun moment, nous imaginions que sous cette carapace, se cachait un véritable gamin qui n’a jamais grandi (même si quelques indices, notamment son comportement avec les femmes, laissaient présager du contraire). Lorsque Indiana retrouve son père, le caractère enfantin, immature de sa personnalité resurgit. Il redevient un petit garçon, agit comme tel, face à un paternel qui lui aussi, doit réapprendre à devenir un père, mature et aimant.

L’introduction nous plonge dans l’adolescence de Indiana Jones, renforçant l’idée de voir que Indi doit devenir adulte dans cet opus. Le Indiana jeune est interprété par River Phœnix et va vivre en une vingtaine de minute une vrai aventure démesurée où il deviendra l’aventurier cultissime.

L’ancienne James Bond Girl Alison Doody est aussi de la partie. Elle a un rôle bien différente de celles qui accompagnent Indiana Jones d’habitude. Elle casse avec le côté manichéen des dames accompagnant l’aventurier rejoignant temporairement la cause des Nazis.

Indiana Jones and the Last Crusade ressemble énormément à Raiders of the Lost Ark.

Les personnages de Marcus Brody et Sallah Faisel El-Kahir interprétés réciproquement par Denholm Elliott et John Rhys-Davies sont de retour essayent de faire oublier le deuxième opus.

Indiana Jones and the Last Crusade remporte l’Oscar du meilleur en montage son.

John Williams est toujours le compositeur de la bande originale et c’est toujours un travail exceptionnel. Encore une fois le film se rapproche plus du premier que du deuxième opus.

Steven Spielberg a été très malin d’avoir inscrit ces arcs narratif dans ce troisième opus, pour offrir à Indiana Jones une vraie conclusion dans laquelle le héros devient homme, l’homme, une légende. Après avoir retrouvé deux des reliques chrétiennes les plus convoitées au monde, ce dernier est donc devenu un archéologue accompli, qui n’a plus rien à prouver à qui que ce soit, même à nous, spectateur. Ainsi, on se posera la question de la légitimité d’un quatrième opus.

StevenBen
8
Écrit par

Créée

le 27 juin 2023

Critique lue 8 fois

Steven Benard

Écrit par

Critique lue 8 fois

D'autres avis sur Indiana Jones et la Dernière Croisade

Du même critique

Marvel’s Spider-Man 2
StevenBen
10

« Spider-Man didn’t save me back there, Miles did. » PETER PARKER

En 2023, cinq ans après Spider-Man et trois petites années après Spider-Man : Miles Morales, les hommes araignées reviennent dans une suite directe aux aventures des deux super-héros. Le studio...

le 4 janv. 2024

2 j'aime

L'Initiation - Dragon Ball, tome 3
StevenBen
7

« Si tu veux un conseil, n’utilise pas toute ta force… » SANGOKU

Comme la majorité des jeunes français, j’ai connu Dragon Ball le 02 mars 1988 sur TF1, dans le Club Dorothée. J’étais loin de me douter que ce dessin animé était l’adaptation d’une bande dessinée,...

le 18 oct. 2022

2 j'aime

3