Indiana Jones and the Temple of Doom est l'exemple parfait d'une suite réussie au cinéma, car elle ne se contente pas de copier le premier opus, mais ose se réinventer avec une audace rare, tout en restant fidèle à son essence de film d'aventure. Tout d'abord, il s'agit d'un préquel, ce qui permet de renouveler astucieusement la narration tout en conservant le charme du personnage d'Indiana Jones. Ensuite, le film plonge dans une atmosphère unique grâce à un ancrage géographique exclusivement asiatique, ce qui dépayse dès les premières images. Cela contraste avec le premier opus, qui avait une introduction occidentale à travers la séquence de l'université américaine située dans le premier quart du film.
Cette suite bénéficie plus que jamais du talent fou de Spielberg pour la gestion du rythme. Le film démarre en trombe avec une scène d'ouverture en Chine qui pourrait tout à fait constituer le climax d’un bon film d’action à elle seule. Cette séquence savoureuse et magistralement orchestrée, n’est pas sans rappeler le cinéma hongkongais dont l'âge d'or est contemporain au film. Dès la chute de cette scène jusqu’à la nuit au Palais du Maharaja – où se déroule une savoureuse scène de séduction entre Indy et Willie (Kate Capshaw) – le film n'offre preque aucun répit. Mais le plus surprenant, est que si située au premier tiers du métrage seulement, cette séquence vaudevillesque marque le début d'une hallucinante succession d'actions spectaculaires qui ne se résout qu'à la toute fin (une bonne heure et demie avec un ressenti de trente ou quarante minutes). C’est pour cela que ce volet est souvent qualifié de véritable "roller-coaster", à l'image de l'incroyable poursuite en wagons dans les mines, dont la réalisation reste tout à fait surprenante au 21e siècle.
La fascination pour un univers à la fois craint et méconnu, ici les Indes, est exploitée avec brio et on sens le budget hollywoodien à l'écran. L'humour décapant et la dynamique old-school entre Indy et Willie apportent une légèreté bienvenue, tandis que le personnage de Short Round (Demi-Lune) se révèle attachant sans jamais tomber dans la caricature (clairement un des meilleurs personnage d'enfant dans un blockbuster). De plus, le film n’hésite pas à explorer des thèmes sombres comme le fanatisme et l'exploitation d'enfants esclaves, tout en offrant des scènes d'une violence surprenante pour un divertissement grand public, ce qui en fait un film toujours étonnant à chaque vision.
Malgré les incohérences inhérentes au genre – telles que les chutes impossibles ou les corps miraculeusement indemnes après avoir été soumis à des températures extrêmes – le film assume pleinement son côté « bande dessinée » où tout semble permis. C’est cette audace narrative et visuelle qui le rend si mémorable.
Indiana Jones and the Temple of Doom est ainsi un joyau du blockbuster des années 1980, qui n’est pourtant que la suite d’un véritable classique.