Retour de l'aventurier au fédora maniant du charme aussi bien que du lasso. Si Le Temple maudit opère à un retour en arrière dans sa chronologie (il se passe avant Les Aventuriers de l'Arche perdue), le film marque bien le bond en avant pour ses créateurs. Selon des règles appliquées sur la saga Star Wars, George Lucas estime qu'un numéro 2 doit être plus sombre. De son côté, Spielberg est encore déboussolé par le film La Quatrième dimension, qu'il produisait et fut marqué par le décès de 3 comédiens. Pour Indiana Jones, c'était donc une tentative pour donner de nouvelles teintes à son univers, et pour son réalisateur un moyen de se libérer d'un poids sur la conscience.
Quoiqu'il en soit, le film est une réussite sur tous les plans. Il assume encore plus sa filiation avec un certain Tintin, notamment dans les scènes d'action extravagantes, qui tirent parti du lieu et des obstacles sur la route (au hasard, la première scène au bar ou la chute libre dans un canot pneumatique (!) ). En ce sens, Le Temple maudit est une parfaite continuation de son prédécesseur, incroyablement ludique et rigolo. Particulièrement dans les échanges drolatiques entre Indiana et Willie (Kate Capshaw, sensationnelle), auxquels Spielberg ajoute une bonne dose d'humour lugubre (vous n'êtes pas prêt d'oublier ce festin au palais de Pankot).
Pourtant, cette suite est effectivement plus sombre, sûrement bien au delà des espérances de G. Lucas. Les aventures de la petite troupe (Indiana, Willie et Demi-Lune) recèlent de moments chocs, à base d'embrochage, de coups de fouet et de sacrifice à cœur perdu. Si vous aviez oublié à quel point Spielberg peut être sauvage, ce film va vite vous rafraichir la mémoire. Pour la petite histoire, Le Temple maudit est à l'origine d'une nouvelle classification aux États-Unis, le PG-13 (déconseillé au moins de 13 ans), tant sa violence a surpris voire ulcéré.
Le Temple maudit est un parfait mélange d'humour, d'horreur et d'action. Sur ce dernier point, il offre à la franchise certains de ses plus beaux morceaux de bravoure, tous contenus dans sa dernière demi-heure (la poursuite en wagonnet, le pont de singe) qui mêle matte painting, miniatures et effets pratiques.
S'il n'est pas aussi étincelant que Les Aventuriers de l'arche perdue (en cause, le rythme un peu étrange), ce deuxième volet en est malgré tout un digne héritier. Le retour au cinéma d'aventures a cependant permis à Spielberg de retrouver sa verve et son mordant. Quant à Lucas, il voyait sa deuxième licence conforter sa place à part dans le paysage. Une victoire donc.