L'archéologue aventurier Indiana Jones est contraint de fuir la Chine en compagnie d'une chanteuse américaine et d'un gamin chinois après s'y être embrouillé avec un gang local mais leur avion s'écrase dans une région montagneuse de l'Inde.Ils sont recueillis par les habitants d'un village sinistré depuis que le maharadjah du coin a dérobé la statue qui protégeait le bled et réquisitionné tous les enfants afin de les faire travailler dans ses mines.N'écoutant que son bon coeur et sa détestation de l'injustice,l'intrépide Indy se rend derechef au palais de Pankot afin de mettre bon ordre à tout cela.Trois ans après le méga carton des "Aventuriers de l'Arche perdue",le producteur George Lucas et son pote le réalisateur Steven Spielberg concoctent cette suite qui,comme c'est généralement le cas,est très inférieure à l'oeuvre originale et se situe chronologiquement un an avant.Cependant ça reste un très bon serial d'aventures exotiques bonifié par les luxueux moyens déployés par la prod et la qualité d'une équipe technique de haut niveau.Spielberg sait filmer,c'est assez communément admis,et nous entraîne dans un ébouriffant tour de grand huit proposant une ahurissante enfilade de scènes d'action virtuoses judicieusement cadrées et rythmées.Le chef-op Douglas Slocombe,déjà responsable de la photo du film précédent nous régale à nouveau de sa science du clair-obscur.John Williams est également fidèle au poste mais sa musique est pour le coup beaucoup moins réussie que celle du premier opus,son tintamarre soulant étant de plus matraqué de manière envahissante sur toutes les séquences et empêchant même à l'occasion de saisir les dialogues.Pour le reste la team a été largement remaniée mais on ne perd pas au change tant la direction artistique de Roger Cain et Alan Cassie,ainsi que les décors d'Elliot Scott,agrémentent magnifiquement le métrage de paysages superbes et de lieux étranges se prêtant idéalement aux péripéties ici narrées.Et puis il y a les effets spéciaux d'ILM,toujours "magics".Autre bon point,le cran supplémentaire franchi dans la violence par rapport à un film de 81 déjà riche en la matière mais moins ostentatoire dans son expression.Ici ça n'arrête pas,les morts violentes se multiplient,les bastons sont très hard et on ne recule pas devant le sadisme et le gore,l'imagination des auteurs semblant sans limite.L'utilisation des animaux est particulièrement présente dans ce contexte et tout un tas de bestioles ignobles viennent se mêler au carnage,sans parler de celles qui se font bouffer lors d'un repas gerbant à souhait.Là où le bât blesse en revanche,c'est au niveau d'un scénario à la fois simplet et incohérent qui pénalise gravement l'ensemble.Le ton du film par exemple ne trouve jamais son équilibre entre humour burlesque débile et noirceur absolue,le petit miracle d'osmose des genres de "L'Arche" n'étant nullement réitéré par Willard Huyck et son épouse Gloria Katz,bien moins performants que leur prédécesseur Lawrence Kasdan.On assiste donc à un festival de carabistouilles confuses avec des méchants extrêmement nombreux et organisés qui pourtant apparaissent et disparaissent de façon totalement aléatoire selon ce qui arrange les scénaristes,tout comme ces soldats anglais qui sont sur site depuis le départ mais qu'on ne voit jamais,sauf à la fin quand ils surgissent inopinément pour sauver le héros.Les affreux sont des Thugs,sinistre secte d'étrangleurs indiens supposément disparue,mais ces sanguinaires sont singulièrement maladroits dans leurs entreprises meurtrières quand il s'agit de se débarrasser de notre trio vedette.Et même lorsqu'ils finissent par capturer les intrus ils trouvent le moyen d'inventer une manip hyper compliquée qui va bien évidemment se retourner contre eux alors qu'ils avaient tout loisir d'éliminer ces gêneurs vite fait bien fait.La temporalité des scènes est en outre parfois bizarre,principalement lors de la carbonisation de Willie ou de la bagarre de Jones sur le tapis roulant.Et puis il y a cette drogue qui rend esclave celui qui en avale mais dont les effets se dissipent par une simple brûlure.Mais pourquoi diable n'utilise-t-on pas cette admirable technique plutôt que de s'emmerder avec des cures de désintox qui ruinent la Sécu?Bref on sait bien que la vraisemblance n'est guère de mise dans de tels films mais là on dépasse les bornes de la suspension d'incrédulité pour nous prendre carrément pour des cons.Si,un peu quand même.Autre faiblesse de cet épisode,les deux side-kicks censément rigolos mais en réalité absolument insupportables que sont Willie et Demi-Lune.Une chanteuse de bastringue moche,vulgaire et braillarde passant son temps à faire chier et un môme exaspérant gaulé comme un asticot qui finit par étaler tout le monde en se mettant brusquement à faire du kung-fu,c'est spécialement indigeste.On pourrait aussi regretter le doublage français atrocement mauvais,notamment l'acteur à voix de fausset qui fait Indy.Question casting Harrison Ford reprend son rôle et fait le job à merveille mais les interprètes de ses amis ne sont pas à la hauteur tant ça surjoue horriblement des personnages trop chargés à la base.Kate Capshaw étale sa nullité et ne fera pas une grande carrière mais elle n'est pas venue pour rien puisqu'elle a rencontré son mari,Spielby en personne,sur ce tournage.Les évolutions ciné du jeune Ke Huy Quan,dont c'était là le premier film, n'iront pas loin non plus vu que ce niard crispant ne sera guère en vue que dans "Goonies",autre production Spielberg tournée l'année suivante.Deux grands comédiens indiens sont au programme et assurent,Amrish Puri en sorcier ignoble,bien que lui aussi,prisonnier d'un personnage excessif,en fasse parfois trop,et Roshan Seth,parfait en ministre faux-jeton.Pat Roach est,hormis Ford,le seul acteur déjà utilisé dans "L'Arche",mais lui a un rôle différent.Ce colosse était un soldat allemand en 81,ici il est le chef des gardiens de la mine.Ceci dit il subit un destin identique,à savoir un long combat au corps à corps avec Indiana se terminant par son déchiquettement ,d'hélice en broyeur.On peut remarquer le clin d'oeil à "Star Wars" lors de la scène d'ouverture,la boîte de nuit où elle se déroule étant le Club Obi Wan.Notes et critiques de films de Steven Spielberg publiées précédemment:voir critique "Les aventuriers de l'Arche perdue".Nouvelle moyenne:6,5.