"Infernal Affairs" est aujourd'hui surtout connu pour avoir servi de modèle au remake américain de 2006, réalisé par Martin Scorcese. Néanmoins, il serait bien dommage de le réduire à cette simple épure.
Dans la lutte entre la police et les triades hong-kongaises, chacun va parvenir à implanter en profondeur une taupe dans l'organisation de l'autre. Ces deux soldats soumis à une pression énorme vont se croiser, tout en tentant de se débusquer mutuellement...
Le film démarre sur les chapeaux de roue. Passé une introduction qui expose ce principe et ses protagonistes en quelques minutes, on se retrouve ainsi directement plongé dans une intrigue vénéneuse, où chacun tente d'anticiper et de déverminer l'autre, tout en se protégeant. Un scénario infernal, très bien construit, et imprévisible !
La réalisation se veut sombre, travaillée, tournoyante, et à l'occasion bien nerveuse, livrant quelques scènes très habiles. Mais on y découvre aussi malheureusement quelques fautes de goût qui font tache (les flashbacks en noir et blanc sur fond de musique tristounette quand un personnage meurt, c'est ringard !).
De plus, les deux protagonistes sont solidement campés (10 ans après "Hard Boiled", Tony Leung est habitué aux rôles d'infiltrés face à Anthony Wong !). En revanche, les personnages féminins, réduits à quelques lignes de dialogues, laissent franchement à désirer...
Scorcese compensera ces défauts, proposant une version qui dure presque une heure de plus, tout en reprenant les scènes clés et les idées maîtresses. Peu étonnant donc que son film soit davantage resté dans les mémoires, toutefois la version made in Hong Kong vaut tout de même le coup d’œil.