Le premier Infernal Affairs est un excellent polar avec ses intrigues croisées, ses filatures secrètes, ses taupes respectives et la dualité de l'ensemble. D'ailleurs le casting en béton ne lésine pas sur les moyens, avec des couples Tony Leung/Andy Lau, Anthony Wong/Eric Tsang, et Sammi Cheng/Kelly Chen, tout n'est qu'opposition et similitude. Tony Leung semble avoir repris son rôle de flic infiltré depuis Hard Boiled de John Woo, sauf qu'il a 10 ans de métier désormais, Eric Tsang joue carrément dans un registre à contre-courant de ce qu'il nous a habitué (le bouffon du Flic de Hong Kong, c'est lui). Bref on est en terrain connu avec la crème de la crème, même si les rôles féminins sont plus effacés. L'intrigue est assez bien ficelé, le chef de la police veut arrêter un chef de gang qui trempe dans le trafic de drogue, sauf que là où ça se corse, c'est que la police à une taupe chez les méchants (Tony Leung/Yan), et eux-même ont une taupe chez les poulets (Andy Lau/Inspecteur Ming) et ce depuis plusieurs années dans les 2 camps. Et ils découvrent en même temps la présence d'un traître parmi eux. S'ensuit donc un jeu du chat et de la souris passionnant pour avoir un coup d'avance contre l'autre camp.
La réalisation reste classique, sans trop de fioriture, mais assez classieuse, empruntant parfois une photographie proche des polars urbains de Michael Mann, et certaines scènes tiennent vraiment en haleine. Et puis cette fin nihiliste et poignante qui rappelle de vieux souvenirs des films hong-kongais de John Woo, c'est la cerise sur le gâteau!
Bref, le premier Infernal Affairs, c'est du tout bon, mangez-en, il tient tout seul, c'est de la bonne!
D'ailleurs, je trouve dommage que le nom occidental de Infernal Affairs ne reflète pas le sens véritable de cette saga, puisque le nom original de Wu Jian Dao signifie "Le chemin sans répit" en allusion à l'Enfer et le Purgatoire dans le bouddhisme, ce lieu où l'âme est en souffrance perpétuelle car c'est bien de ça dont parle Infernal Affairs, de personnages qui sont pris dans une spirale infernale qui les dépassent, où la notion de Bien et de Mal se confondent, et dont la destinée leur échappent tout simplement.