Basé sur la vraie opération d’infiltration de Robert Masur, agent spécial des Douanes Américaines, au sein de l’organisation financière du cartel de Medellìn, le film relate une des enquêtes les plus périlleuses et révélatrices du trafic de cocaïne, et surtout d’argent, en 1985. Corruption de banques internationales, petite armée de barons de la drogue dans divers appareils des pouvoirs, complicité légalisée par le fonctionnement même de l’Etat, masses colossales d’argent sale et de drogue circulant entre la Colombie et la Floride, le film dénonce la valse folle d’un monde décadent depuis longtemps déjà. Depuis la lorgnette intime du héros, interdit de tout fragment d’erreur sous peine de représailles terribles pour lui et ses proches par ces milieux où on ne plaisante pas, on assiste aussi à ses insupportables sacrifices d’une vie privée rétrogradée et à ses trahisons préparées par des liens d’amitié développés dans l’artifice.
Malheureusement le film est mitraillé par une infinité de pointillés suggestifs, d’une succession ininterrompue de scènes courtes, sans parler du jargon financier dont seuls les habitués capteront les enjeux à leur juste valeur, et laisse un sentiment de spectacle speedé aux scènes chroniquement amputées. L’impression d’avoir aperçu le film par clins d’œil empêche d’entrer en profondeur ou en empathie, tant avec les personnages que l’enquête. Je suppose que le livre doit valoir le coup et qu’il est préférable de l’avoir lu avant.