Sarita apprend que le nouveau petit ami de sa sœur fait partie d'un dangereux gang. Quand elle disparait après une soirée, elle le suspecte immédiatement et va trouver un moyen d'infiltrer son gang. Prête à tout pour découvrir la vérité, elle se retrouve impliquée dans leurs crimes.
Infiltrée (Cadejo Blanco) est un thriller americano-mexico-guatemaltèque de Justin Lerner sorti en 2023 en France.
Le film raconte la quête risquée de Sarita (Karen Martinez) pour retrouver sa soeur, disparue après une sortie en boite de nuit. Une poignée de quetzals en poche, la jeune femme prend le bus qui l'emmène de Guatemala city à Puerto Barrios, une ville réputée pour sa dangerosité criminelle.
Arrivée sur place, elle retrouve Andres, le petit ami de sa soeur. Cachant les raisons de sa visite, elle lui demande d'intégrer la mara (le gang) auquel appartient Andres qui se montre d'abord réticent. Il s'agit d'une entreprise criminelle multi-activités (Trafic de drogues, meurtres, proxénétisme...) dirigé par un quadragénaire père de famille donneur d'ordres qui ne met jamais les mains dans le cambouis...Sarita, rebaptisée Ana Lucia pour l'occasion, offre ses services, le boss lui propose de "faire le trottoir". Elle refuse. Il lui propose de servir d'appât pour faire assassiner un concurrent. L'opération est un succès, Ana Lucia est fêtée par ses pairs. Le temps passe, elle sort avec Andres pour donner le change mais aucune nouvelle de sa soeur. Lors d'un autre contrat, elle abat le propriétaire d'un salon de coiffure, soupçonné d'avoir enlevé tous les passagers d'un bus faisant la liaison entre Guatemala city et Puerto Barrios et de les avoir assassinés. Elle l'interroge à propos de sa soeur, passagère du bus attaqué, alors qu'il est gravement blessé. Il n'a pas le temps de répondre, Andres et Damian lui donnent le coup de grâce.
Mais Sarita/Ana Lucia est dorénavant démasquée. Andres la relâche dans la jungle avec un peu d'argent et des vivres. Il lui confirme que sa soeur est morte.
Rattrapée à la gare routière par le boss de l'organisation, elle se tire de ce mauvais pas en le poignardant alors qu'elle est assise derrière lui sur sa moto. Le visage en sang et pleine d'echymoses, la jeune femme reprend le bus pour Guatemala city, en larmes.
Hier n'existe plus, demain n'existe pas...
A l'instar d'autres thrillers sud américains (Sin nombre, La cité de Dieu...) Infiltrée est un thriller authentique et naturaliste original fort bien réalisé. Contrairement aux thrillers occidentaux, le film ne contient aucune respiration humoristique, pas plus qu'il ne comprend de moments de violence gratuite ou de pathos. Tout est filmé avec une grande sobriété, comme un documentaire. Comme le déclarent Andres et son collègue Damien, c'est encore pire à Puerto Barrios qu'à Guatemala city qui n'est déjà pas une ville trés sûre. Toutes les organisations criminelles se livrent une lutte féroce pour prendre le contrôle de tel ou tel trafic, source d'immenses profits. Interrogeant 2 gamins en maille avec un chef de gang sur le sort des passagers d'un bus détourné, Andres et Damian les abattent parce qu'ils n'ont pas obtenu de réponse à la question posée, ils abandonnent les corps sur le trottoir pour l'exemple. Dans le meilleur des cas, la police laisse les gangs s'affronter. Dans le pire, elle est corrompue.
Les 2 jeunes hommes, exécuteurs des basses oeuvres, ont intégré l'idée de la fragilité de leurs conditions et que tout pourrait s'arrêter d'un instant à l'autre....
Karen Martinez est remaquable dans le rôle principal de Sarita, un modèle de résilience. La jeune femme a la tête sur les épaules et une certaine éthique à laquelle elle devra "tordre souvent le cou" lors de son infiltration. Le film est d'autant plus réussi que son issue demeure incertaine jusqu'à son terme.
Pour connaitre un peu le Guatemala qui est un petit pays magnifique à la nature luxuriante et aux temples mayas somptueux, le tableau n'est guère exagéré. A l'exception de l'ancienne capitale Antigua, les touristes doivent demeurer sur leurs gardes. Il est préférable pour un occidental de garder ses distances avec les autochtones. Même Guatemala city est une ville dangereuse découpée en zonas. La zona turistica occupée par les touristes est trés sécure, on se croirait dans un quartier tranquille de Los Angeles mais c'est loin d'être le cas partout. Le même constat s'applique aux Etats voisins d'Amérique centrale: Mexique, Salvador....
Trailer
Ma note: 7/10