Les chats ne font pas des chiens, et force est de constater que le fils du grand David Cronenberg, cinéaste reconnaissable entre tous et maître incontesté de ce que l’on nomme le body horror, marche sur les traces de son illustre paternel. Néanmoins, cela se voit qu’il se cherche encore une voie propre, ses idées complètement folles mais excitantes se noyant à chaque fois dans une exécution et un résultat qui laissent un peu à désirer. Et après « Antiviral » et « Possessor », ce « Infinity Pool » ne déroge pas à la règle. Il se range même dans la catégorie des œuvres qui sont tellement bizarres et perchées (très volontairement ici d’ailleurs, au point que cela manque presque de naturel) qu’à la sortie de la projection on a du mal à savoir si l’on a aimé ou pas ou si c’était du génie ou un bon gros pétard mouillé prétentieux et atone.
La réponse se trouve au milieu après mûre réflexion, les qualités et la fougue du jeune cinéaste se mêlant à un côté pseudo-provocateur un peu toc et à des idées pas toujours bien exploitées. Quant au sens profond et définitif du film, on se le demande encore. Cronenberg fils mixe home invasion, thriller, film d’horreur, postulat dystopique, torture porn et un soupçon de science-fiction dans un seul film et il faut avouer que cela fait beaucoup. Notamment sur ce dernier point où la création de doubles pour purger ses pulsions de violence n’est qu’une justification pour servir et faire avancer le reste de l’intrigue et dont on ne saura pas grand-chose. Et c’est un peu frustrant, cela rend ce postulat accessoire et prétexte mais au final peu pertinent. On veut en savoir plus mais cette demande restera lettre morte. En revanche, une bonne partie du film est intrigante, malsaine et bizarre mais dans le bon sens du terme. Étouffant presque. La toute dernière partie est tout de même un peu de trop et la conclusion sibylline n’est pas du meilleur effet.
« Infinity Pool » peut compter sur la prestation (encore une fois) hallucinée de Mia Goth et l’investissement du très bon Alexander Skarsgaard. Il y a également quelques fulgurances de mise en scène et un jeune réalisateur qui fourmille d’idées visuelles, la plupart influencées mais bien digérées, et d’autres innovantes comme les séquences sous hallucinogènes. On peut aussi affirmer que Cronenberg nous propose les masques les plus effrayants vus au cinéma depuis des lustres (Michael Myers, les insurgés des « American Nightmare » ou encore Ghostface peuvent aller se rhabiller). C’est un film gentiment perturbant, composé de séquences chocs plus ou moins réussies mais dont le fond est peut-être faussement malin et enfonce des portes ouvertes (les riches qui se purgent par de la violence illégale et impunie comme dans les « Hostel »). Mais l’atmosphère étrange, la mise en scène léchée et la folie de certaines séquences rendent le tout intéressant bien que bancal. Une curiosité pas toujours aboutie...
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