Bret Easton Ellis est l'un des plus grands écrivains américains contemporains mais les adaptations tirées de ses romans ont toujours été assez ratées.Il y a eu "Neige sur Beverly Hills",d'après "Moins que zéro","American Psycho","Les lois de l'attraction",que du très moyen.Ce "Informers",pourtant inédit dans les salles françaises,constitue donc une bonne surprise.Il est vrai que l'auteur s'y est beaucoup impliqué puisqu'il est co-scénariste et producteur exécutif du film.On est dans l'univers habituel d'Ellis,avec cette histoire basée sur la vie d'ados de Los Angeles appartenant à des familles friquées et dysfonctionnelles,qui sont supposés être lycéens mais passent le plus clair de leur temps à participer à des fêtes,à boire,se droguer,dealer et partouzer,sans pour autant parvenir à échapper à une morosité plombante.Car les personnages ellisiens,qui semblent tout avoir,sont d'une tristesse totale.Le problème est qu'ils sont comme anesthésiés,qu'ils n'éprouvent aucun sentiment,qu'ils sont indifférents à tout.L'amour,l'amitié ou la haine semblent leur être inaccessibles.Ils traînent leur spleen dans le L.A. des années 80 où le SIDA commence à rôder,cherchant l'oubli de soirées cocaïnées en concerts de rock déjantés.Tout le monde travaille dans le cinéma,ou voudrait y travailler,tout le monde est bisexuel,tout le monde se défonce,personne n'est heureux.Ce film choral développe plusieurs histoires qui s'entrecroisent et bénéficie d'une belle distribution.Des stars des eighties justement,Mickey Rourke,Kim Basinger,Winona Ryder,mais aussi des acteurs apparus dans la décennie suivante comme Billy Bob Thornton,Chris Isaak ou Brad Renfro,décédé peu après le tournage et à qui le film est dédié dans le générique de fin.Les jeunes acteurs sont également excellents,notamment Jon Foster,Lou Taylor Pucci et la bellissima Amber Heard,pas encore connue à l'époque.Sans oublier la présence toujours bienvenue de Rhys Ifans dans un petit rôle.L'image est magnifique,utilisant à merveille la clarté éblouissante du soleil californien et les contrastes nocturnes.On peut par contre regretter le rythme languissant,et le fait,inhérent à l'oeuvre d'Ellis,qu'on n'éprouve guère d'intérêt,et encore moins d'empathie,pour des personnages ectoplasmiques qui n'ont que l'apparence de la vie.Il ressort de cette chronique de la déglingue que ce désarroi de la jeunesse est dû aux errements des parents,à leur démission et au lamentable exemple qu'ils donnent à leur progéniture.Ce n'est sans doute pas faux mais c'est aussi un peu simpliste.