Juifs et Nazis vus par Tarantino !
Après un peu convaincant Boulevard de la Mort, il état tant au Tarantino de Reservoir Dogs, Pulp Fiction et Kill Bill de revenir sur le devant de la scène avec un projet d’envergure. Et quelle idée de nous servir sur un plateau une histoire digne de lui-même, sous des airs de Seconde Guerre Mondiale, avec à sa tête tout un casting riche en célébrités ! Voilà ce qu’est Inglourious Basterds, du moins, sur le papier. Qu’en est-il de la réalité ? (ATTENTION, SPOILERS !!)
France, 1940. La jeune Shosanna Dreyfus assiste impuissante à l’exécution de sa famille par le terrible SS Hans Landa et s’enfuit, jurant vengeance. En parallèle, un groupe de soldats juifs américains, appelés les « bâtards », mené par le lieutenant Aldo Raine, parcourent l’Europe pour scalper du Nazis. Deux histoires qui vont se joindre, avec l’ajout de nouveaux personnages qui n’auront que pour but de stopper Hitler et son armée.
Il est heureux de dire qu’avec Inglourious Basterds, Quentin Tarantino ne perd pas la main ! En écrivant plusieurs histoires (celle d’une Juive avide de vengeance, d’une escouade américaine scalpant du Nazis à tout-va, une tentative d’espionnage contre Hitler, la mise en place d’un attentat contre le Führer…), le tout diviser en chapitres (unes des nombreuses touches du cinéaste), le réalisateur de Tarantino arrive à y intégrer son humour noir bien particulier en nous montrant des discussions aux dialogues soignés (Landa face à LaPadite, qui dure au moins 15 minutes !), des termes inattendus (le fameux « scalpage » de Nazis), le sadisme du personnage de Landa, l’idiotie de certaines situations (le long chapitre sur l’opération Kino qui se solde par la mort de tous les protagonistes alors que celle-ci ne faisait que commencer, le film sur Zoller…), le final (tout le monde meurt hormis les protagonistes les moins « bons » : Landa et Raine) et certaines limites qui ont été dépassées (Hitler fusillé dans un cinéma, Goebbels sodomisant l’actrice principale de son film…). Sans oublier que le réalisateur s’est amusé à déglinguer l’image du Führer (par ses nombreuses crises de colère) et celle des Américains, représentés par le personnage de Brad Pitt, véritable cow-boy ne comptant que sur sa propre personne et à jouer de la gâchette. Bref, Tarantino nous propose 2h33 de pure loufoquerie ! On pourra néanmoins regretter que l’humour et les répliques ne soient pas aussi cinglants que dans Pulp Fiction, et que l’histoire d’amour entre Shosanna et son fiancé Marcel (seule véritable trame dramatique du film) se montre finalement dispensable. Mais dans un sens, cela serait chipoter !
Là où Inglourious Basterds se montre également à la hauteur des Tarantino d’antan, c’est par le biais de sa distribution. Aviez-vous imaginé un film réunissant Brad Pitt, Mélanie Laurent, Eli Roth, Michael Fassbender et Diane Kruger ? Ce film est pour vous l’occasion rêvé de voir ces célébrités s’amuser (Brad Pitt et Eli Roth), trouver leur place dans un film international (Mélanie Laurent) et surtout resplendir (Michael Fassbender et Diane Kruger). Mais surtout, vous découvrirez en la personne de Christoph Waltz un comédien de talent, qui a su rendre son terrible personnage (le SS Hans Landa) aussi cruel et sadique que jouissif (de part son formidable jeu d’acteur). Un Oscar que l’acteur ne démérite pas ! Bref, un casting prestigieux dont chacun des interprètes savoure sa présence sur le projet en même temps que nous offrir une nouvelle facette de leur jeu.
Autre marque de Tarantino : sa mise en scène ! Inglourious Basterds en sue par tous les pores ! Arrêt sur image pour donner le nom d’un personnage (tels les débuts des cartoons avec Bib-Bip et Coyote), une sorte de spot de propagande interrompant l’action en cours du style « documentaire haut en couleur », sadisme (la manière dont sont filmées les scènes où Laine marque au fer le front de ses proies nazies), gore (l’exemple-type du film : un plan éloigné mais explicite d’un officier Nazi se faisant exploser le crâne à la batte) et ambiance lourde (encore une fois, la discussion entre Landa et LaPadite). Des effets qui offrent à Inglourious Basterds son charme, malgré bon nombre de longueurs inutiles (là trop longue attente de l’apparition au grand jour de l’«Ours juif »). Le tout en faisant des références aux films cultes du 7ème art (Une poignée de dollars, Les Douze Salopards…), faisant de ce spectacle bien plus un western qu’un film sur la guerre 39 – 45.
Vous l’aurez compris, malgré quelques nuances non négligeables (humour moins percutant que prévu, manque de personnages travaillés et d’une véritable trame, de trop grandes longueurs), Inglourious Basterds est un film qui peut s’en conteste se placer dans la filmographie de Tarantino, car étant un véritable foutoir jouissif et coûteux (cela se voit aux décors, costumes et accessoires), plaisant à suivre !