Une réécriture burlesque de l'Histoire
Par Vincent Malausa
Ni plus ni moins que son programme ? C'est évidemment ce qu'on peut attendre de mieux et de plus rassurant de la part d'un film de Quentin Tarantino. Ni plus ni moins que son programme, ce qui veut dire dans un cas si particulier écraser tranquilou et quoi qu'il fasse (même filmer un banal champ contrechamp) à peu près 99 % de la concurrence. Il suffit de quelques plans à Inglourious basterds pour atteindre ces cimes (une séquence d'interrogatoire dans une ferme perdue) et ne jamais en redescendre. Tout le film s'inscrit dans une logique de montée en puissance - essentiellement basée sur de prodigieuses joutes oratoires - explosant le temps d'une séquence finale qui pourrait se résumer à un vaste barbecue aux brochettes de Nazis. Tout le film, surtout, se circonscrit humblement à son petit argument de série B extatique et pétaradante : une milice de Juifs américains sème la terreur parmi les officiers S.S. en pleine Deuxième Guerre mondiale, scalpant, zigouillant et humiliant du soldat teuton en pleine France occupée. Uchronie délirante et plongée dans une Histoire parallèle qui coupe Inglourious basterds de tout principe de réalité et le condamne à demeurer dans un temps démantibulé et fantasmatique, logé dans un clair vertige. Deux horizons à cette traînée de poudre imaginaire : le Comics acidulé (Brad Pitt en surrégime euphorique, absolument prodigieux) et la farce la plus rudimentaire (la représentation grotesque et jouissive des Nazis dans leurs petites fêtes privées). (...)
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