Inherent Vice par MaximeMichaut
Depuis The Master, Paul Thomas Anderson semble assumer radicalement ses exigences dans l'accès complexe d'une fascinante aura cinématographique. Inherent Vice emprunte de plein pied ce sentier, vaporeuse paranoïa éclatée dans lequel le spectateur doit totalement se laisser aller pour l'apprécier telle qu'elle est. Épousant l'esprit paumé de Doc, idole Lebowskienne en devenir et interprété par un Joaquin Phoenix effroyablement illuminé, le film nous enferme dans une intrigue décousue qui part en fumée pour mieux nous contaminer de ses volutes capiteuses, dispositif faussement expiatoire d'un trip subconscient du désenchantement où s'enchaînent finalement les douleurs ambigües de l'amour. Repaire d'ennuis éphémères où les figures désaxées s'échangent 2h30 durant quelques herbes follettes, Inherent Vice subjugue autant qu'il perturbe, sur-développement et laxisme éthéré empêchant d'apprécier pleinement l'absurdité fabuleuse de sa traversée... jusqu'à ce que l'ultime plan révèle alors toutes ses poussées mélancoliques, simple regard en arrière sur d'inépuisables illusions.