"Inherent Vice" signait le retour de Paul Thomas Anderson deux ans après le mitigé "The Master" et par la même occasion, l'une de mes plus grosses attentes de l'année. Voir le metteur en scène du génial Magnolia se frotter au film noir en adaptant le roman homonyme de Thomas Pynchon en nous faisant suivre un détective dans le Los Angeles des années 1970 était plus que prometteur.
Et pourtant, tout commence de la meilleure des manières avec un Paul Thomas Anderson nous immergeant au cœur d'un Los Angeles transformé en jungle urbaine où l'on assiste d'abord à un défilé de personnages hauts en couleur souvent louches (un dentiste pervers, un flic qui déteste les hippies...) et surtout drogué. Il s'arrête surtout sur un détective régulièrement défoncé qui va peu à peu se retrouver au cœur d'une mystérieuse disparition et là, il met en place une intrigue de plus en plus complexe, sombre et ambiguë.
Mais malheureusement je ne suis que trop rarement rentré dans le trip et excepté lors de certaines séquences rehaussant l'intérêt, c'est clairement d'un ennui mortel. Peu à peu le film devient incompréhensible et on assiste à un défilé de personnages peu approfondis et surtout totalement inintéressants. PTA multiplie les sous-intrigues mais oublie clairement de les rendre passionnante et surtout ne créé que trop rarement une atmosphère folle et prenante, qui aurait été adéquate au détective. Mais non, il préfère prendre longuement son temps avec quelques fulgurances, quelques moments drôles, parfois hallucinants et bien sentis mais qui dans l'ensemble m'a clairement laissé sur le côté.
Avant de le voir je pensais un peu au génial "The Long Goodbye" de Robert Altman, où ce dernier magnifiait un Los Angeles corrompu jusqu'à la moelle mais ici il n'en est rien, et je ne retrouve pas le Paul Thomas Anderson qui signait de si magnifiques plans et était capable de me renverser à l'aide d'un seul plan-séquence dans des films comme Boogie Night ou Magnolia. Les acteurs défilent, arrivent aussi vite qu'ils repartent sans grande cohérence et de façon assez bordélique avec l'impression que, excepté un Phoenix génial en privé à rouflaquette drogué, chacun vient faire son petit numéro sans vraiment apporter quelque chose.
Quelle déception ! Pourtant tout était réuni pour avoir un grand film mais au lieu de ça, Paul Thomas Anderson livre une oeuvre plate, très et trop longue, sans grand intérêt et dont les quelques bonnes idées sont plombées par un ennui mortel et l'impression de n'être, à aucune moment, rentré dans le trip.