Tels étaient les mots de PTA avant la projection de ce nouvel ovni.

Un paperback donc, on mettra ce qu'on veut dedans. J'y mets beaucoup de liberté artistique, d'une part. Un scénario bien moins tranché et qui peut décevoir, si vous attendez un film bien ficelé. Ça part de partout. Le personnage est dans une sorte de transe durant toute la durée du film, et la beauté de ce film tient pour moi dans cette perpétuelle hésitation entre délire et réalité.

Je mets aussi dans ce paperback une formidable carte postale d'une époque et d'un lieu. C'est un film d'ambiance. Entre deux volutes se dessinent les années 70 californiennes, libérées, déglinguées, et sensuelles. La beauté du film est que la drogue n'obnubile pas les personnages. On ne les voit jamais en manque ou violents. Ils semblent juste être perpetuellement ailleurs (vraiment très très très loin parfois). Une BO fantastique complète le tableau.

Je mets aussi dans ce paperback une formidable performance d'acteurs. Phoenix est présent à chaque scène, je pense sans exception. On est dans sa tête, on voit le monde sous son point de vue, et c'est pour ça que l'histoire est brumeuse. Il faut dire que le "Doc" s'en envoie quand même pas mal dans le cornet. Certains dialogues sont croustillants et certains plans sont même franchement drôles.

Ce film, ressemble en fait à un morceau sans fin de transe "west coast" sans structure mais dégageant une superbe ambiance. Après ce film, PTA pourra vraiment tout faire. Il pourra reprendre des films aux scénarii plus dessinés, qui personnellement me plairont d'avantage. A la fois dans le système et en dehors, sa liberté est totale. Il a en tout cas prouvé que s'il était auteur de grands films comme un écrivain peut composer de grands romans, il excelle aussi dans ce "petit" film de genre, sans doute plus difficile d'accès, comme ce paperback moins connu qu'on dévore sans rien trop comprendre, au bord de la plage, avec le mal de crâne de la veille.

Mais tout est histoire de goût ! Bon film !
Ardail
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le 25 janv. 2015

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Ardail

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