David Lynch disait que dans le film Boulevard du Crépuscule, Billy Wilder arrivait à nous faire croire en l'existence d'un Hollywood qui n'a sans doute jamais existé et ce, en nous immergeant dedans comme dans un rêve. La même chose pourrait être dite à propos de P.T. Anderson et de son Inherent Vice.


Fidèle à l'ambiance du livre de Pynchon, Anderson présente Los Angeles comme un songe profond dans lequel évolue des personnages hauts en couleur et où règne une paranoïa cristallisant toutes les peurs propres à l'époque des seventies. La réalisation, constituée essentiellement de lents travellings avant et de plans-séquences, amplifie cette mise en abîme dans un monde perdu et isolé du temps. Fruit de la culture populaire, de l'histoire et des peurs d'une Amérique alors tourmentée par des tueurs comme Charles Manson ou des présidents avides de pouvoir comme Nixon, Los Angeles se présente comme une bête malade renfermant d'innombrables secrets impossible à dénouer tant ils sont nombreux.


C'est pourtant ce que va essayer de faire le héros de l'histoire, Doc Sportello, magistralement interprété par Joaquin Phoenix. Digne représentant des hippies, il va vite découvrir que son fameux peace and love et ses illusions de liberté sont en réalité réduites à néant par un capitalisme sous-jacent avide de pouvoir et de contrôle.


Car derrière son intrigue à tiroirs, c'est cela le sujet même du film. Inherent Vice c'est le constat doux-amer de la fin d'une époque d'insouciance qui laisse désormais sa place à une ère de folie et de violence. Les personnages du film sont complètement perdus et comprennent que des jours sombres sont à venir.


Avec ce film, P.T. Anderson prouve encore une fois son immense talent et s'impose sans conteste comme l'un des meilleurs réalisateurs de sa génération. Bien que difficile d'accès de par sa complexité et son rythme au ralenti, Inherent Vice demeure un grand un film qui mérite que l'on s'attarde dessus.

Créée

le 7 mai 2015

Critique lue 469 fois

10 j'aime

Watchsky

Écrit par

Critique lue 469 fois

10

D'autres avis sur Inherent Vice

Inherent Vice
Velvetman
9

Le désenchantement de l'utopie

A travers le regard ahuri d’un détective privé qui ne cesse de se triturer l’esprit par le spliff, Paul Thomas Anderson singe magnifiquement "Vice Caché" de Thomas Pynchon. Littéral et très bavard,...

le 5 mars 2015

136 j'aime

17

Inherent Vice
Sergent_Pepper
7

Vers l’asile, détective privé.

Pour pénétrer le continent Inherent Vice, un seul mot d’ordre : lâcher prise. Devise singulière si l’on songe à la pétrification qui guettait Paul Thomas Anderson au fil de son précédent et...

le 5 mars 2015

127 j'aime

25

Inherent Vice
JimBo_Lebowski
6

Punch-Drug Love

Ce film était sans doute une de mes plus grosses attentes de 2015, Paul Thomas Anderson restait sur un semi échec avec un "The Master" décevant et j’espérais de mille vœux qu’il retrouve enfin un...

le 4 mars 2015

102 j'aime

Du même critique

Jurassic Park
Watchsky
8

Petite Annonce: Jurassic Park

En feuilletant le journal, vous découvrez une petite annonce proposant un séjour dans un mystérieux parc d'attraction... Bienvenue à Jurassic Park Si vous avez toujours été curieux de savoir à quoi...

le 9 mars 2016

54 j'aime

2

Knight of Cups
Watchsky
10

La Quête de Sens

Los Angeles est une cité tentaculaire et immense dans laquelle il est aisé de se perdre. Avec ses multiples artères, ses buildings s'élevant jusqu'au ciel et sa région désertique qui l'entoure, la...

le 27 sept. 2015

46 j'aime

13

Alien - Le 8ème Passager
Watchsky
8

Les recettes du cinéma : Alien

Dans un livre de cuisine, vous trouvez la recette d'un plat cinématographique... « Alien » par le chef Scott Temps de préparation : 117 minutes Ingrédients principaux : - Un gratin...

le 27 mars 2016

42 j'aime

13