There will be drugs. A lot of drugs !
Le moins que l'on puisse dire, c'est que pour suivre Inherent Vice, il n'est pas nécessaire de comprendre l'intrigue. On est dans ce sens-là dans un film comme Le grand sommeil ; à un moment donné, de par la multiplication des personnages, des indices, on largue les amarres !
D'ailleurs, Joaquin Phoenix pourrait être un Humphrey Bogart sous acides dans un univers complètement déjanté, le Los Angeles de 1970, qui se réveille d'une gueule de bois nommée 1969 et ses illusions de liberté. Phoenix joue ici un détective, Doc Sportello, à l'apparence hippie, avec d'énormes rouflaquettes, qui est chargé par une ex de retrouver son amant, disparu.
Il faut admettre que durant 90 minutes, l'intrigue est assez limpide : mais ensuite, j'ai totalement décroché. Cela dit, ça ne me dérange pas de ne pas comprendre un film, pourvu que je m'attache à autre chose. Et cet autre chose sont les personnages, qui sont tous incroyables, et porteurs en eux d'une certaine absurdité.
Si les acteurs sont tous formidables, on est dans le haut du panier, je retiens en particulier Josh Brolin, qui joue un inspecteur très (mais alors très...) particulier, dominé par sa femme, et qui se fait servir de la bière par son enfant (!), mangeant des glaces phalliques ou alors aux méthodes de travail très particulières. Il y a également une apparition de Martin Short désopilante, en médecin cocaïné.
Comme je le disais, on est dans un film où tout arrive, souvent pour un rien, avec des personnages qui semblent plus marmonner que parler (surtout Phoenix, qui a l'air totalement défoncé).
Mais, à l'inverse de ses précédents films, P.T. Anderson adapte un livre, et on dirait que par les dialogues souvent verbeux, il a voulu adapter à la lettre le roman de Thomas Pynchon. Car oui, ça parle énormément, souvent de manière absconse d'ailleurs, comme si on était dans l'esprit embrumé de Doc Sportello, qui est d'ailleurs souvent spectateur de cette folie. S'est-il senti prisonnier de ce roman ? Car si le génie technique y est, avec de longs plans séquences dialogués formidables, et une reconstitution impeccable des années 70, je comprends très bien les critiques qui disent qu'on peut s'y ennuyer. La longueur excessive, 2h30, n'arrange pas les choses.
Mais pour moi, Inherent Vice est un film de personnages. Plus qu'une histoire, dont à la limite on s'en fiche, le résultat m'a souvent captivé, mais je reconnais que c'est inférieur aux autres films d'Anderson, y compris The Master. Je ne parlerais pas d'erreur de parcours, car j'ai aimé, mais on ne peut pas refaire tous les jours un film de la trempe de There Will Be Blood.