Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir...ou pas :D

Nous débutons le film d'une manière qui confère déjà bien à l'étrange et là déjà je trouve que nous pouvons déjà avoir un brin d'interprétation lorsque l'on saisi déjà bien le cinéma de Lynch. Une lumière qui se perd dans la pénombre, l'obscurité, n'est ce pas la raison qui entourée d'ombre se perd dans la folie ? Déjà rien que là j'y vois un symbole, surtout qu'à nouveau durant le film nous assistons à bien des jeux avec l'obscurité, la lumière aussi qui rappellent fort bien Lost Highway, on peut également penser à Mulholland Drive mais pour ma part j'aurai ici retrouvé un aspect penchant plus vers le premier. Ensuite nous avons une scène avec du flou où Lynch semble se jouer un peu de nous, impression qui ressort par rapport à la recherche d'une clé. A constater à ce moment là que de la prostitution se fait présente, élément que nous retrouverons tout le long du film, la prostitution où bien des femmes se perdent et sombrent d'ailleurs happées par la folie sexuelle de notre monde entrainant également chez certains de la frustration les conduisant à une certaine folie. Mais passons un peu et pénétrons plus amplement dans ce film que j'ai somme toute trouvé remarquable par la façon dont il nous embarque et nous fait plonger dans une étrange expérience ayant de quoi nous perturber. Toutefois si on a saisit une ligne directrice on a notre fil d’Ariane mais faut surtout pas le lâcher...et encore on ne peut être sur de rien, ce n'est pas un film à voir une seule fois mais qui mérite bien un éventuel second visionnage. Qui plus est, vis à vis de ce film j'ai été agréablement surpris car je m'étais attendu à bien pire de par sa réputation, pensant qu'il serait d'une évanescence totale aussi insaisissable que de la fumée, dans une construction partant complètement dans du mystique bien plus hermétique. Bien sur c'est quand même un extrême parce que ce n'est pas aisé de trouver la clé et on a presque un pied de nez mais il est possible que Lynch ait fait exprès pour peut être nous faire réfléchir d'une autre façon. Quand dans Lost Highway et Mulholland Drive chacun peut s'asseoir sur une interprétation confortable, où on arrive à trouver la clé plus aisément tellement ça parle bien une fois que nous avons saisi de quoi il retourne sans pour autant ne pas avoir quelques doutes qui planent encore, ici c'est assez différent et peut mériter un élargissement dans la vision. Enfin bon, on a quand même une impression qui a de quoi ressortir même si on n'expliquera pas forcément bien le fait de la prostituée pleurant devant la télé qui semble plonger dans l'imaginaire via l'écran pour par moment revenir à la réalité. Toutefois ceci, pour qui veux, par élargissement peut aussi nous faire pointer sur du fait sociétal, fait de ceux qui se déconnectent un peu trop de la réalité. Enfin j'en viens au moment où nous allons sur Nikki Grace jouée par Laura Dern recevant la visite d'une étrange voisine. Et là après les éléments introductif nous assistons à une scène pleine d'étrangeté, ne serait ce donc pas la folie qui viens de pénétrer en la demeure proférant des paroles surprenantes et pouvant inquiéter ? En plus...nous sommes dans le star system hollywoodien avec ce que ça inclus, certains pouvant bien y perdre pied, un star system où des rêves se réalisent et d'autres se brisent, repensons donc à Mulholland Drive en passant...Enfin là nous sommes dans une autre illustration mais on peut faire le rapprochement. Et là j'ai envie de dire : toi qui entre ici, abandonne toute espérance :D. Abandonner quelle espérance ? Je vous laisse cogiter ^^. Rappelons à bon entendeur que cette femme n'est pas entrée sans être finalement invitée après avoir approcher. C'est quelqu'un qui n'entre pas chez soi sans qu'on le l'y ait pas invité. Vous voyez ? Et avec cette image vous voyez ?


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Oh bonjour mystérieux monsieur avec sa caméra. Oh et si on allait jouer avec Bob de Twin Peaks également. Eh oui et là c'est bonjour madame la folie qui enclenche le processus pour nous embarquer dans une atmosphère Lynchienne où par moment on se demande après la réalité, on se pose des questions sur la perception et Nikki se retrouve quand même dans un certain état. Là encore nous sommes dans l'aspect où l'individu peut se perdre entre fiction et réalité, y a un plongeon qui ronge l'âme et nous plonge dans la pénombre. Le côté dérangeant s'ajoute. Mais bien sur je n'oublie pas des moments difficilement explicable qui se mêlent à tout ça. Pensées pour les séquences avec les lapins :


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Lapins qui nous viennent d'une mini-série réalisée par David Lynch et qu'il nous a donc incrusté par là. Peut être aurions pu nous en passer, toutefois ils ajoutent à l'atmosphère et leur facette mystérieuse s'exprime encore dans la folie...Ils ont même de quoi renvoyer au premier film de Lynch, Eraserhead où nous pouvons assister à un déroulement très atypique avec un Lynch qui brillait déjà dans sa manière de faire dès ses débuts. Un film à voir pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu et qui a de quoi déranger. Nous sommes dans de la réactivité emplie d'une teinte malsaine...Et là quand nous allons en dehors de la folie inhérente au système hollywoodien nous allons dans cette du monde qui nous entoure et dépasse le cadre des USA. Et là si on pense à ça nous pouvons avec un Glasnost (Transparence) des faits ;). Enfin chacun se fera son avis par rapport à ce qui semble discordant et trouble de sa présence faisant se demander ce que ça fiche là. Mais nous sommes dans un maelstrom et la folie n'a rien de simple faisant se perdre la raison car la folie à ses multiples raisons déraisonnées que la raison elle même ignore quand elle raisonne dans ce qu'elle pense être logique. Nous pourrions même dire que la folie à de son obscurantisme au travers de l'obscurité qui nuit à la lumière de la raison.
Dans tout cela nous pouvons même nous demander s'il n y a pas une quelconque mort, quelque chose qui meurt probablement mais différent de la sortie de la folie par la mort que nous pouvons toucher dans Mulholland Drive, Lost Highway voir Twin Peaks. Avec David Lynch nous avons une vison de la folie avec bien du pessimisme qui s'engendre allant probablement sur une vision réaliste quand a voir qu'on ne peut se sortir de la folie quand on y a soit même pénétré très profondément jusqu'à un point de non retour. Pourtant on est presque dans quelque chose de plus optimiste avec Inland Empire mais est ce vraiment sur ? Ne doit on pas particulièrement se méfier de la fin ?
En plus pensée pour la vision cauchemardesque à laquelle nous avons droit bien en gros plan après avoir vu un "illuminé". Là encore y a une réflexion à élargir pour aller plus loin. Un illuminé pourvoyeur de vision d'horreur...voila qui n'est pas anodin. Et quand même quand on a de quoi être perturbé par l'ensemble, par l'atmosphère il est ce moment qui fait complétement tressaillir et chamboule complétement. A côté, pour qui a vu Eraserhead, ce dernier est presque peu par rapport au moment frissonnant qui a de quoi traumatiser momentanément par son côté très soudain.
Bon, on expliquera pas tout, il est bon de revoir le film, se faire sa propre idée mais il faut avoir en tête la notion de folie et se dire que l'humanité n'est pas aussi belle qu'on le pense. Enfin ça, chacun se fait sa propre idée de l'humanité mais la folie n'est pas à négliger dans ce qu'elle peut produire, une folie à propos de laquelle David Lynch a de quoi nous faire tirer certains leçons au travers de ces oeuvres. On peut en rester à un fait, un milieu mais il serait dommage de se passer d'élargir le champ de vision. Difficile de saisir complétement la folie quand celle-ci dans un grand labyrinthe va de raisons en raisons se nourrissant sur son passage de tout ce qu'elle peut pour dérouter et ne faire que grandir.
Alors, évidemment, en restant bien sur ce que nous voyons durant ces 3 h de films où nous sommes tout du long interloqués nous pouvons voir bien des aspects, tout comme on se surprendra à des constats. A noter aussi qu'on peut ressortir des faits de richesse extérieure mais de pauvreté intérieure et inversement dans la pauvreté extérieure il y a richesse intérieure. Quoi que là...on a une vision au fond du trou dans la pauvreté extérieure. Enfin cette pensée survient quand on a de quoi être perdu quand on se demande où on en est vis à vis du personnage.
Dans tous les cas nous voyons des affres, nous voyons de l'implication qui va si loin qu'elle fait perdre de la raison. Ah et aussi se reflète à un moment un petit coup de déni, un ça va mal mais autour on fait comme si tout allait bien alors qu'il y a un gros problème que nous avons en visuel.
A travers ce film qui va dans un certain extrême qui pourra ne pas aider à la compréhension Lynch est allé très loin, mais ça ne démérite pas dans la vision que cela peut traduire envoyant un type de message auquel il faut être attentif et ne pas avoir d’œillères ni avoir de la surdité pour le percevoir. Car on peut vraiment dépasser le cadre donné pour aller plus loin, un plus loin pessimiste mais qui n'est pas illogique.
Cette exploration à de quoi perdre le spectateur, lui dissoudre la compréhension au point qu'il se retrouve en état liquide où il n'arrivera pas à se solidifier sur la question pourtant la clé de solidification se trouve dans la folie avec tout ce qu'elle a d'obscure. Attention à ne pas la toucher de trop près cependant. Oh et je n'ai pas parlé des moments étranges où nous voyons plusieurs filles entre prostitution et étranges copines. On pourrait presque voir comme un amalgame dans la folie, des voix s'amalgament formant une continuité dans la perdition.
Sur cette déjà longue critique je vais bientôt m'arrêter là mais j'aimerais aussi renvoyer à un autre explorateur de la folie et du rêve, je veux parler de Satoshi Kon, grand réalisateur japonais aujourd'hui disparu. Et je vais en profiter pour aller sur un autre élément en parlant de lui, élément que je n'ai pas encore évoqué séance tenante. Pour ma part je trouve qu'avoir fait un certain cheminement avant de voir Inland Empire m'aura aidé à mieux construire une certaine réflexion, il est bon d'avoir vu l'ensemble de ses autres films avant d'attaquer celui là, connaître aussi ce qu'il a pu faire d'autre pour avoir une idée à se faire mais aussi passer côté japonais n'est pas une mauvaise idée et je suis content de l'avoir fait. De Satoshi Kon nous pouvons citer Paprika où le rêve prend une grande place mais il aura fait une exploration du star system à sa sauce avec la folie intrinsèque que l'on peut constater. Je pense là à son film perfect blue qui nous fait différemment de Lynch explorer ce monde avec une idole (typique du Japon) embrassant une carrière d'actrice qui viens à perdre pied entre réalité et fiction. Je n'en dis pas plus, c'est un film à voir pour qui n'a pas encore vu et ajoute une pierre à l'édifice, toutefois faut bien saisir où on est mené et rester bien accroché. Au passage on notera que Satoshi Kon se fait plus optimiste que David Lynch, c'est là un contraste entre les deux réalisateurs. J'ai donc renvoyé sur Perfect Blue qui est bon à voir, il y a Millenium Actress aussi qui est à recommander et que je dois aussi voir. Dans l'édifice parmi ceci nous avons également la série Paranoia Agent que Satoshi Kon a réalisé pointant sur bien des aspects. Et là je reviens d'abord sur Inland Empire. Nous avons des infos sur les rumeurs qui circulent dans le milieu du cinéma et tout...des rumeurs qui peuvent être grossies, engendrer de la paranoïa au probable. Vous voyez où j'en viens ? Bien, il y a tout un contexte qui est également pointé avec le fameux film que va tourner Nikki dans ce que nous voyons. De quoi provoquer un brin de paranoia comme je disais et par certain côté poser des problèmes quand à assumer complétement quelque chose. Pour ce qui est d'assumer on renverra à la prostituée qui pleure, on est pas sur qu'elle assume sa vie et se prend en main pour la perception qu'on a qu'elle s'échappe. J'en reviens donc à Paranoia Agent anime de 13 épisodes à voir pour ce qu'on peut en retirer, avec le fait d'assumer mais je n'en dis pas plus. Centrons sur la paranoia car finalement elle aura un retour celle-ci, elle s'incruste dans la folie, ça peut se sentir par moment dans Inland Empire. Je ne vais pas faire un immense parallèle entre les deux œuvres, il faut découvrir mais le titre de l'anime n'est pas anodin, ce que je puis dire comme ça c'est que la rumeur ainsi que l'effet de fantasme ont tendance à faire grossir des faits sans qu'ils soient véritablement palpables et leur donner une importance qu'il ne devrait pas avoir. Ce qui peut être le cas avec des renseignements donnés autour du film tourné dans Inland Empire et qui appris ont cette susceptibilité d'avoir un impact dérangeant. Même si d'une certaine façon y a encore autre chose à fait, nous avons du fait de pointé avec ce qui est intérieure au système et peux avoir un effet pervers. Voila, donc j'invite au visionnage d'un cas à explorer pour élargir un élément pointé qui peut amener à la réflexion que je viens de faire. Paranoia Agent exprime pas mal la dessus à sa manière et à de quoi enrichir la vision vis à vis de Inland Empire.
Voila, au final pour ma part même s'il y a de quoi pouvoir se dire perdu je ne peux pas dire que je l'aurai été tellement tout peut s'accorder dans ce qui semble être un maelstrom mais pour qui pourtant à un grand fil conducteur avec la folie et ses multiples formes, ses multiples raisons déraisonnées. J'en aurai largement bien apprécié la teneur et je le reverrai probablement une seconde fois pour appréhender d'autres aspects qui m'auraient échappés. Par contre je crois que je me cacherai les yeux face à une certaine vision que je ne me sens pas de voir pleinement tellement elle est dérangeante. Quoique en y étant préparé ça peux passer mais même en ayant du recul je ne suis pas sur que ça passe. C'est pour dire à quel point ça me semble dérangeant. Je n'ai pas fait évocation de la BO jusque là, dommage que Angelo Badalamenti n'ait pas été de la partie, cependant nous avons un bon accompagnement qui ambiance bien et profite bien au film. Nous avons encore une fois toute une orchestration construisant bien le propos, labyrinthique oui mais avec un fil quand même comme j'aurai pu l'expliquer et en faire part. C'est un film à bien digérer, il a besoin d'être mis à réflexion pour saisir bien des éléments. Il vaut d'être vu mais se forger de l'expérience avant est la meilleure chose à faire, voir les autres films de Lynch avant, passer par Satoshi Kon pour prendre des pièces d'un puzzle, probablement par d'autres que je n'ai pas là en tête et ensuite après des pérégrinations de cette sorte se laisser plonger dans Inland Empire, savoir avoir la tête hors de l'eau quand même et essayer de chopper la clé pour ouvrir cette serrure à la forme très particulière et pleine d'étrangeté. Et on aura beau finir sur une impression détendue, il en reste que rien n'est sur, toutefois nous avons une matière en vue de façon globale. Dans une vaste étendue nous avons des phares qui nous éclairent des points de l'obscurité, des points de repère placés ici et là dont chacun fera ce qu'il veux.

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le 7 août 2016

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