Les 4 Flans s'astiquent...en voilà un titre qui aurait pu convenir à merveille à cet Insaisissables, tant sa fine équipe de prestidigitateurs est plus là pour se la raconter que pour raconter quelque chose. Leurs motivations ne sont jamais crédibles, et encore, ça, c'est quand le réalisateur prend la peine de nous les dévoiler (je pense que rien ne pourrait expliquer de manière crédible un tel foutoir de toutes façons, et je ne vois d'ailleurs pas bien ce qui justifie une suite, déjà sur les rails...)


♫ It's a kind of tragic ♫
On ne peut pas vraiment dire que Now You See Me a du chien. Depuis Danny The Dog, la tasse il a bu, Leterrier. Après nous avoir montré les crocs, le français nous montre l’accroc. Ou comment filmer à la fois le Pont des Arts et un bon désastre. Avec tous ces cadenas à disposition, dommage que personne n'ait pensé à l'enfermer avant qu'il ne nous propose ce piètre divertissement. J'avais peu d'attentes pourtant. J'espérais au mieux un petit plaisir coupable, au final aucun plaisir et Louis Leterrier en est le principal coupable. Sa Dream Team faite d'ersatz de Sylvain Mirouf, Patrick Jane, Sophie Edelstein et Arturo Brachetti ne fait jamais rêver, ce qui est un comble pour une discipline dont la vocation première est l'émerveillement. On se retrouve devant un truc plombé par une sorte de faux-rythme sur un schéma répété à l'envi, blabla/action/révélation que l'on finit par suivre du coin de l'oeil. Une triviale poursuite édition Minus sans saveur et interminable. Je déteste les oeuvres qui essaient de se faire passer pour plus intelligentes qu'elles ne le sont réellement: Now You See Me est clairement de celles-là. Entre le FBI qui supplante des institutions comme Interpol sur son propre territoire, et les deux agents qui investissent un building avant même que le SWAT ne fasse le ménage, Insaisissables propose des dizaines d'aberrations du même calibre. Bon sang, que c'est crétin. Rien ne marche. Et comme si cela ne suffisait pas, Leterrier nous donne une petite explication après chaque twist en reprenant la scène censée s'éclairer tout à coup, histoire de ne perdre aucun spectateur en route, sauf ceux qui en auront marre d'être pris pour des jambons...


Garcimore et heureux de l'être
L'introduction est sans doute la seule séquence à peu près réussie de l'oeuvre, même si cette dernière est très convenue. Certaines scènes d'action sont illisibles, et l'on a rapidement une désagréable sensation de déjà-vu 1000 fois ailleurs, et en mieux (le film va jusqu'à s’inspirer du twist d’un Fast and Furious, je crois que tout est dit...). Les acteurs eux-mêmes n'y croient pas, comme en témoigne la montagne de soi-disant punchlines totalement insipides récitées dans des dialogues absolument pas naturels en plus d'être ennuyeux. On notera pourtant la prestigieuse présence de Michael Caine, sans doute en quête d'une nouvelle dose de magie après son incursion Nolanienne dans le milieu. Il est ici un peu perdu, tout comme la belle brochette de brebis égarées composant le casting. Seul Harrelson s'en sort à peu près, sans faire d'éclat pour autant, tout comme Common, qui ne se pointera qu'une paire de fois cependant. Mélanie Laurent est (encore) transparente même si elle a visiblement appris à ne pas surjouer depuis Inglourious. Même Marc ne convainc pas, en mode "Ruffalo Bille". Et puis attention, José Garcia himself est de la partie, la vérité ! L'ennui profond saisit au bout de 10 minutes, et ne nous quitte plus. Aucun effort de photographie, de composition, de cohérence, ne viendront récompenser l'effort du spectateur méritant, qui sera resté jusqu'au (pathétique) dénouement.


Ne vous y trompez pas, le plus grand illusionniste du film est bel et bien Louis Leterrier: doté d'un budget plus que confortable, il parvient avec du vide, à générer un profit. For me, formidable. Et pour conclure la citation du grand Charles: Now you see me, see me, see me, see me...si minable.

Gothic
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le 17 août 2015

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