L’appétissant Inseminoïd est certainement l’oeuvre la plus connue de Norman J. Warren, cinéaste britannique qui aura trempé ses mains dans la série B à de nombreuses reprises. En son temps le film obtint une réputation assez sulfureuse à cause de son sujet crapoteux.
Difficile de ne pas penser à Alien (1979) en découvrant ce métrage qui veut infuser son sentiment de frisson dans l’espace. Dans le film de Norman J. Warren, un équipage d’archéologues et de scientifiques découvre sur une planète désertique des vestiges d’une vieille civilisation. Une des expéditions tourne mal, des membres sont blessés. Ils semblent avoir été au contact d’étranges cristaux. Une autre tentative se termine mal, et Sandy, l’une des scientifiques, est capturée et abusée, on lui injecte ce qui semble être des œufs extra-terrestres. Retournée à la base, Sandy perd progressivement pied, et va devenir une meurtrière rendue folle à cause notamment de la douleur subie (l’occasion d’admirer plus d’une fois ses nombreux plombages lors de ses cris).
Le ver est dans le fruit.
Une fois la mesure prise du danger, ses anciens amis et collègues vont se protéger ou tenter d’en découdre avec elle. Le film tente alors d’insuffler une ambiance pesante et paranoïaque qui se voudrait vénéneuse, toujours dans la lumière et dans ce cadre spatial. Les combinaisons et les décors de vieille série B faussement innocents, en plus des vieux trucages pour faire vivre cette SF un peu vieillotte, rassurent un temps.
Malheureusement, il est difficile de souscrire à un film bien pire que maladroit sur tant de points.
La scène d’insémination qui donne son titre au film est marquante, filmée dans des tons oniriques pour déjouer la censure mais qui cachent mal la triste vérité de ce qui arrive, est la plus marquante. En dehors de cela, Inseminoïd peine à insuffler l’angoisse attendue.
Judy Geeson qui incarne Sandy passe par de multiples effets émotionnels dont il est difficile de juger toute la large palette, car si elle peut être effrayante, elle est parfois aussi ridicule à trop vouloir en faire. Le reste de la distribution n’est pas d’un grand charisme, ni d’une grande implication.
Il faut reconnaître aussi que le scénario idiot (signé Nick Maley et sa femme - Qui a travaillé sur les effets spéciaux de Superman ou de Star Wars, tout de même) n’aide pas les acteurs à apporter un peu de crédibilité. Il est d’usage que les films horrifiques ne brillent pas par le leur, mais il est toujours permis d’attendre qu’il soit efficace à défaut d’être renversant. Sa civilisation extraterrestre le film l’exploite peu, même si au moins il ne cherche pas à vouloir tout expliquer. Il est aussi rempli d’idioties qui ne tiennent pas ou qui se contredisent.
Il y a beaucoup trop d’exemples de moments bêtes et qui demandent beaucoup trop de crédulité. Mais ce qui est le plus marquant est cet entêtement des personnages à toujours vouloir sortir de leur abri, et à chaque fois cela se termine mal. En schématisant, le film s’exprime ainsi « ho non elle a tué X, je vais lui faire la peau ! » puis « ho non elle a tué Y, je vais lui faire la peau ! ». Au bout d’un moment, il n’est plus possible de vouloir croire en leur survie, que Sandy les mange et qu’on en finisse.
Faut-il aller plus loin que ce déroulé qui fait succéder les soupirs pour y voir la procréation féminine corrompue par une forme de vie extraterrestre ? Faut-il y voir la corruption de l’obligation aux femmes d’être des mères, aux dépends de leurs volontés et de leurs désirs ? Inseminoïd n’a pas tant que ça à offrir en grattant la surface. Mais si cela pouvait bousculer les âmes dans les années 1980, cette perversion de la femme enceinte, c’est moins le cas de nos jours, le film n’a plus le même parfum de scandale. Ses morts proposés sont parfois sadiques, mais elles sont présentées avec une économie de sang et de sensationnalisme qui ne les rendent pas vraiment spectaculaires.
Elles sont aussi filmées de manière assez plate, ce qui est un problème récurrent du film. Les coups portent mal. Une simple pichenette et les acteurs appuient sur leurs pieds pour se propulser loin. En dehors de quelques scènes parfois réussies, à défaut d’être saisissantes, comme les expéditions en terre rocailleuse, Norman J. Warren n’arrive pas vraiment à donner de l’impact à ses scènes. Les personnages gesticulent ou parlent avec une grosse voix, mais il n’y a pas ce sentiment de paranoïa attendue. Sandy est une menace au grand jour, le film a au moins l’audace de ne pas jouer sur la peur du noir, mais elle se montre plus souvent ridicule qu’autre chose sous l’oeil du réalisateur.
Inseminoïd rappelle même de manière un peu trop régulière son statut de film de série B trop branlant, avec quelques problèmes de raccord entre les scènes. Mais aussi une doublure qui ne ressemble en rien à l’acteur concerné, en dehors des mêmes vêtements.
Difficile de trembler pour Inseminoïd, aux faiblesses trop évidentes, malgré l’originalité de son point de départ, ce film d’horreur extraterrestre et cette idée de l’insémination forcée et véreuse. La légéreté du budget n’explique pas tout et le scénario écrit en 4 jours (!) est bon à jeter, en tout cas tel que nous le met en images le film.
Sur le thème de la parentalité corrompue par une entité alien, je vous recommanderais plutôt le peu ragoutant et malsain Xtro qui lui est contemporain, signé par Harry Bromley Davenport, lui aussi britannique (décidément).