That’s all folk.
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Critique avec spoilers !
Le film attire le spectateur en lui vendant une énième histoire de perdant magnifique, auréolé de la grâce atypique de la musique folk. Les frères Coen reprennent ce sujet à leur sauce et nous montrent une tranche de vie déterminante de Llewyn Davis, antihéros moderne qui accumule les échecs.
Un sentiment étrange plane durant la projection du film, au fur et à mesure qu'on se rend compte qu'on a affaire à une oeuvre maitrisée, qui nous prend par les tripes sans trop qu'on sache pourquoi. Peut être est-ce cette brume de folk et ces voix enrouées, témoins d'un âge d'or aujourd'hui révolu.
C'est peut être qu'en lieu et place de nous magnifier le personnage superbement interprété par Oscar Isaac (Star Wars, deus ex machina), les réalisateurs nous le peignent dans son humanité nue.
Un Homme comme vous et moi tente tant bien que mal de percer dans le milieu de la musique folk au début des années 60 à New York. Un matin, en quittant un des appartement d'amis chez qui il squatte, il libère par inadvertance un chat nommé Ulysse. Une Odyssée vierge de sens commence
On suit alors les déambulations de ce personnage, qui constituent une véritable suite d'erreurs et d'occasions manquées, que ce soit comme père, ami ou même musicien. L'intelligence du film est de nous dépeindre une tranche de vie dans laquelle Llewyn est déjà écoeuré du show business, et amorce son deuil du succès, avéré après 1h45 tout sauf crépusculaire.
Car au final on ne se moque jamais de ce loser, qu'on sent prêt à basculer à tout moment, vers la vie qu'il attend, et dont il passe pourtant à coté. La vision que Llewyn dépeint du Show business, c'est celle que tout le monde a, où les producteurs ont tout pouvoirs, où le physique et la "connexion avec le public" est plus important que la vibration musicale : c'est celle de ces amoureux transit de musique qui ne parviennent pas à joindre les deux bout dans l'ombre des grands comme Dylan.
Cet anti-héros, on se reconnait un peu en lui, et c'est ce qui finit de nous toucher, à mesure qu'il essaye, rate, oublie sa guitare, bouscule ses proche, se retrouve face à l'injustice de quelqu'un qui lui conseille de reformer son ancien duo alors que son partenaire s'est suicidé. On se convainc petit à petit qu'il est talentueux, et finalement, c'est tout autant moi, nous qui nous ramassons quand il se ramasse.
Le film, loin de proposer une morale ou un final mainstream qui voudrait voir un Llewyn triomphant, se contente de reprendre la scène initiale, dans une épanadiplose, une boucle, renversante, qui appuie sur la poisse définitive de notre anti-héros. Mais cette fois-ci, les éternels optimistes ajouteront qu'il n'a pas laissé sortir le chat...
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Créée
le 14 janv. 2016
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5 j'aime
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