Habitué des films engagés et des sujets politiques ou délicats, Spike Lee semble faire une digression grand public avec « Inside Man ». Un film de casse où l’on suit à la fois les braqueurs et la police, avec entre les deux une banque bourrée d’otages.
Malgré la banalité apparente du sujet, Spike Lee livre un divertissement très efficace et plutôt malin. Il s’appuie sur une distribution prestigieuse, un scénario sans temps mort très bien ficelé, des dialogues bien troussés, et une mise en scène soignée et percutante, qui emploie à l’occasion quelques jolis effets de style.
Le risque avec ce genre de film est évidemment de ne faire que reprendre les grands classiques du genre. Mais Lee en est parfaitement conscient. Ainsi il référence explicitement ces classiques, pour mieux les déjouer, y compris par des mises en abime amusantes (le policier se demande si le braqueur a déjà vu « Dog Day Afternoon » !).
Par ailleurs, on sent la patte acerbe et politisée du réalisateur, à travers quelques petites piques bienvenues : traitement des minorités aux USA, et surtout brutalité et paranoïa terroriste dans une police new-yorkaise très marquée par le 11 septembre. Une patte qui rajoute une touche pertinente à ce film de braquage rondement mené.