Century 21, Laforet, après tu choisis un peu ton agence immobilière. Non parce qu'à un moment donné, tu as quand même le droit de déménager. On peut se poser la question. Tu n'es pas obligé de rester avec des démons de la perversité comme dirait Poe - le mec qui fait le cake avec sa culture littéraire. Alors, les sceptiques, les garçons de mauvaise foi et ceux qui me détestent depuis ma naissance diront que la petite Steffie est suivie par une entité démoniaque, donc qu'ils déménagent ou pas c'est pareil. Là je dis faux, et je dis par ailleurs semi-spoiler, car il y a dans l'autre monde les habitants de l'immeuble. Et puis, quand bien même, le père aurait dû se dire : et si on déménageait mes petits enfants chéris ? (On remarquera par ailleurs le manque d'intérêt de son fils, inutile à l'histoire.) Pareil pour le mec du dessus qui voit pertinemment qu'un démon est passé par chez lui mais c'est normal, ça arrive tous les premiers mercredis du mois. Non, définitivement, un petit tour chez Foncia ?
Pour ce qui est de ce troisième opus dans sa globalité, qui remonte (soi-disant) aux origines de la saga, c'est en très grande partie raté. James Wan n'est plus là, les jaloux diront que c'est pour ça que ce troisième film est mauvais, les vrais diront qu'il était aussi sur le deux et qu'il était encore pire. De plus, le réalisateur de cet épisode, Leigh Whannell, était aussi scénariste sur les deux premiers. Un gage de qualité en somme, encore plus quand on connait le chemin parcouru par ce talentueux scénariste, mais bien mal exploité car c'est comme si toutes les belles idées étaient restées à l'état embryonnaire. James Wan avait au moins le mérite de continuer sur la lancée du premier et de créer un lien entre le spectateur et la famille de la saga. Ici, outre l'aspect "on parle des origines comme ça on fait table rase de notre histoire qui s'embourbait", rien ne justifie de remonter aux origines car Insidious Chapitre 3 s'attache simplement à raconter une histoire différente, non le prequel. Seuls le nom de la franchise et les quelques similitudes (la médium, le démon par exemple) viennent bercer d'illusion le spectateur déçu que j'étais. J'en attendais tellement depuis le premier. Le fait est que prendre un personnage qui a fait le sel des précédents volets n'est pas suffisant ; les personnages sont engoncés dans une écriture brouillonne et apathique.
Et déçu, je l'étais d'autant plus en repensant à la première heure du film qui ne fait que multiplier les jumpscares et les moments de frousse qui ne font absolument pas avancer l'intrigue, c'est là tout le problème. Comme si ces moments étaient juxtaposés dans l'histoire pour justifier son statut de film d'épouvante, pour ne pas tomber dans un enchevêtrement de scènes lourdes et lentes, ce qu'elles sont par ailleurs. Des effets de manche qui, certes fonctionnent, mais qui jouent trop avec la bande-son et le silence magnétique des plans. C'est très linéaire, plat, ça avance peu et lorsque le public est cramponné à son siège, ce sont pour des éléments éphémères et artificiels qui viennent s'écraser contre le scénario trop stéréotypé et surtout - surtout une réalisation très banale. Si les moments de fantastique sont bien retranscrits - pour un budget pas si conséquent, l'atmosphère est toujours amenée de la même manière et la lenteur extrême de certaines scènes noie la tension dans une attente uniquement brisée par les pirouettes techniques utilisées en horreur. Insidious 1 avait, en plus d'être novateur, le mérite de tenir en haleine le spectateur et de ne pas le prendre pour plus bête qu'il n'est, quitte à finir dans une apothéose peu terrifiante et un peu bâclée. Ici, la frousse est plus présente mais beaucoup plus maladroite.
Et cette maladresse se caractérise par la prestation terne (voire médiocre) de Stefanie Scott, une peluche Disney venue se chlöemoretzer dans une saga horrifique qui fonctionne plutôt pas mal. Elle ne trouve jamais la note juste dans son jeu, paraît absente voire complètement perdue et de son visage ne filtre qu'une béatitude constante et, disons-le clairement, très agaçante. Elle est très mignonne, Emily VanCamp Jr, et après ? L'idée de son personnage était pourtant intéressante, car immobilisée après son accident, il y avait de quoi jouer avec les nerfs du personnage et du spectateur. Cependant, même là, le film se complait dans une léthargie trop commune aux suites horrifiques ; un scénario mal exploité et un mécanisme poussiéreux et attendu. Quid de l'aspect fantastique que laisse entrevoir à certains moments le film ? Le reste du casting est plutôt de bonne facture, notamment Angus Sampson et Lin Shaye qui rattrapent un peu le coche. Côté maladresses, on notera également les quelques traits d'humour qui tombent souvent à plat (car peu raccords avec le contexte) ou la transformation de l'héroïne, à la limite du ridicule tant on peine à y croire.
Pour conclure, ce troisième opus est une grande déception. Après la lente séquence d'introduction (un dialogue interminable qui n'aurait jamais dû débuter le film), je m'attendais à un marasme total qui n'a finalement pas eu lieu, mais le nouveau classique du genre se ramasse encore une fois la figure. Insidious 3 n'est pas une catastrophe, loin de là, mais malgré une ambiance malsaine et fantastique qui tarde à s'imposer, entre incohérences et facilités décevantes, c'est un film de plus, qui ne révolutionnera ni la saga, ni ma vie d'amateur d'épouvante.