C'est un film qui affirme le pouvoir de réalisation de Nolan. Dans la ligné de Memento, le fil conducteur de l'intrigue est le personnage principal, qu'on suit de très près sans le quitter. C'est Al Pacino qui l'incarne, un flic honnête qui doit enquêter sur un meurtre en Alaska. Alors qu'il est à la poursuite du meurtrier, il tue par erreur son équipier. Tout au long de l'enquête il se retrouve rongé par la culpabilité. Une culpabilité qu'usera le criminel afin de manipuler Will.
Par sa réalisation, Nolan n'hésitera pas à jouer sur le ton de la symbolique pour faire passer les idées du film. Le soleil qui ne se couche jamais, la lumière qui en résulte crée en Will une forte insomnie qui s'assimile au fur et à mesure à sa culpabilité. La brume et les glaciers de la scène introductive ont pour but de donner à l'Alaska le statut de lieu hostile.
Comme dit si bien la tenancière "Il y a deux sortes d'habitant ici, ceux qui y sont nés et ceux qui viennent s'y installer pour fuir quelque chose". C'est à dire que ceux qui viennent s'installer ont fait des erreurs dans autre part, or Will devient criminel dans ce lieu de miséricorde, comme si le pardon lui était impossible.
Robin Williams est touchant, ses expressions donnent au personnage une profondeur insoupçonnée, on a envie de croire à chacun de ses mots. C'est un rôle ponctuel, mais c'est, en mon humble avis, ce qui lui va le mieux. Mieux que l'humour, ce genre de rôle devient vrai par son interprétation, de telle manière qu'on pourrait penser qu'il n'est pas si différent de cet homme triste, effrayé et solitaire.