L'américain Philip Kaufman jouit vraiment d'une filmographie paradoxale, surtout depuis la fin des années 80, alternance d'oeuvres d'inspiration littéraire ("L'insoutenable légèreté de l'être", "Henry & June", "Quills", "Hemingway & Gellhorn") et de séries B policières ("Soleil levant", "Instincts meurtriers").
Avec ce dernier, on se situe clairement dans la tradition de ces polars hollywoodiens à vocation purement commerciale, qui ont proliféré sur les écrans dans les années 90, avant la multiplication des séries policières qui les ont rendu caducs. D'ailleurs, après visionnage du film, j'ai été étonné de découvrir la date de sortie (2004) : je pensais que "Twisted" (le titre original) était plus ancien, ce qui n'est évidemment pas un compliment.
En effet, il s'agit d'un film terriblement daté, dans la forme comme dans le fond. En tant que bon client de cette catégorie de divertissement, j'ai quand même pris un certain plaisir à suivre l'enquête de l'inspecteur Shephard (Ashley Judd, figure habituelle du genre), qui traque un tueur en série dont elle connaît systématiquement les victimes, pour avoir couché avec chacun d'eux.
Voilà d'ailleurs la principale audace du film, celle de mettre en avant une héroïne libérée sexuellement, qui n'hésite pas à ramasser des hommes dans les bars.
Au niveau de l'intrigue, en revanche, "Twisted" manque singulièrement d'audace et de subtilité, au point que les amateurs de polars auront tôt fait de comprendre ce qui se trame.
En effet, lorsqu'un tel film comprend deux têtes d'affiche (en dehors de l'héroïne), on a déjà de grandes chances que le meurtrier soit l'un d'entre eux. Alors si en prime, tout semble accuser le premier, fiche ton billet que c'est le second qui aura fait le coup!
On assiste donc à un polar très moyen, dans lequel cabotinent gentiment Andy Garcia et Samuel Jackson, mais aussi Titus Welliver et David Straithairn, qui pourra éventuellement faire l'affaire un dimanche soir, à l'issue d'un week-end particulièrement épuisant.