En 2000, Daft Punk sort Discovery, disque résolument mainstream, que les puristes de la techno ont injustement rejeté en bloc pour le coté pop mielleux, mais blindé de référence au disco, la soul, la techno des débuts, la musique noire en général, et aussi au bon vieux hard FM des 80's (Van Halen, AC/DC, Europe...) Toute la musique que les petits Daft écoutaient quand ils étaient minots. Les trois premiers singles sortent, One More Time fait un carton, devient le tube de l'été 2000, se transforme en générique pour les tous jeunes NRJ Music Awards et les deux autres cartonnent en radio. Et puis, sort le clip de Harder, Better, Faster, Stronger, on avait pas vraiment compris avec les premiers clips mais on se rend compte que les clips en dessin animé se suivent pour former une histoire. Dingue, quoi ! Et peu de temps après, on apprend que tout avait été orchestré par les Daft pour sortir en 2003, un dessin animé sans paroles, avec comme seule bande sonore l'album dans l'ordre et dessiné par le très grand Leiji Matsumoto. C'est qui ? Mais le dessinateur d'Albator voyons ! Albaaator, Albaaaaator, héros de la libertééééé. Albator le pirate de l'espace avec son équipage de parias au cœur tendre et ses sauvetages à la con. Les Daft avaient réussi à convaincre le vieux de reprendre le crayon pour leur faire un film, un film avec des bonhommes bleus.

Il faut évidemment regarder ce film avec vos potes second degré et métaphore, car en plus d'une histoire d'amûûr et d'héroïsme héroïque il y a aussi en parallèle une réflexion vraiment pas con sur le monde de la musique. Et je ne parle pas de l'histoire avec le méchant producteur qui veut régner sur le monde avec une machine alimentée par des disques d'or. Non plutôt de la relation entre l'art et le pouvoir ou comment on peut contrôler une foule avec ses idoles. Le comportement des fans est criant de vérité, même s'il est exagéré comme dans tout film musical. Mais quand le monde entier apprend que le super-groupe-de-la-mort (appelé les Crescendolls, comme la chanson) sont en fait des bonhommes bleus de l'espace, les fans numéro 1, les gosses, qui se grimaient en Crescendolls, se retrouvent immédiatement le visage peinturluré en bleu. La description, par la caricature, du monde du showbizness est tout aussi vraie, avec les cérémonies de récompenses à la con, les défilés de mode, les concerts dans les stades, les flashs, les soirées, les strass, les stars et les paillettes. Il y a aussi, pour finir, la jolie hypothèse, que tous les génies de la musique, d'Ella à Janis, de Mozart à Miles, sont des extraterrestres car, nous pauvres mortels, n'arriveront à accéder à un tel niveau de musique.

Et je n'oublierai pas un détail évident, le film est magnifique. Chaque image est un bijou de précision. Les personnages sont animés avec un très grand savoir-faire, et comme il n'y a pas de dialogue, on y est d'autant plus attentif. les traitements accordés à certaines chansons sont au-delà de ce qu'on pouvait imaginait. Le clip de Superheroes est tout simplement parfait, avec la foule en délire dans le stade, la petite fille, le jeu de scène, tout est nickel. Le diptyque mélancolique Something About Us/Voyager se permet le luxe de stopper l'action pendant presque dix minutes avec des images sombres, calmes, colorées, abstraites. Et puis comment oublier l'énorme passage dans la fabrique sur Harder, Better, Faster, Stronger, clip merveilleux et admirablement synchrone..
MrShuffle
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le 5 mai 2010

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MrShuffle

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