Qu’on aime ou qu’on n’aime pas Nolan, il y a une chose qu’on ne peut pas lui retirer, c’est que c’est un auteur d’audace ; quelqu’un qui propose toujours quelque-chose qui ne ressemble à rien d’autre ; un explorateur… S’il ne se limitait déjà qu’à ça, je le tiendrais déjà hautement en estime. Mais Nolan ne se limite pas qu’à cela, et cet « Interstellar » en est encore une fois la démonstration. Et dire que j’avais un peu peur en y allant, peur que Nolan me déçoive… C’était sans compter sur la rigueur du bonhomme : rigueur en écriture, mais aussi rigueur pour le moindre aspect technique de son film. Mais ce qui fait vraiment la différence, c’est que le temps et le succès n’ont pas rogné ce qui fait pour moi la force de ce gars : son désir d’explorer, de repousser plus loin les limites… Et laisser Nolan dans l’espace, c’est pour le moins ringardiser tout ce qui a pu être fait jusqu’à présent en termes de science-fiction, mis à part les quelques pépites dont Nolan s’inspire ouvertement et qu’il transcende à l’envie. Difficile tout d’abord de ne pas voir dans ce film une interprétation nolanienne de « 2001 » qui en suit presque toute la structure du début jusqu’à la fin, mais sans jamais la copier pour autant. On sent aussi l’inspiration de films plus récents que Nolan a su ingérer pour rendre sensorielle son exploration des méandres de l’univers (parfois j’ai ressenti des points communs avec « Sunshine »). Enfin, dernière inspiration remarquable, « Koyaanisqatsi » qui imprègne considérablement la bande originale d’un Hans Zimmer qui a su se faire très humble sur ce coup. Et j’insiste sur ce choix judicieux de Zimmer d’être allé regarder du côté de Philip Glass, car pour moi tout cela colle à la perfection à cette vision presque cynique et en même temps merveilleuse de la vie et de l’humain. Parce qu’après tout, si « Interstellar » est le bijou qu’il est, c’est aussi et surtout parce qu’il y a derrière le merveilleux metteur en scène, un regard qui fait totalement mouche. Alors oui, c’est très cynique, c’est parfois même fortement anxiogène, mais ça n’en rend sa conclusion que plus brillante ; brillante parce que lucide. Ce film, je pourrais en taper des lignes et des lignes qui n’auraient sûrement aucun sens tant elles ne peuvent remplacer l’expérience de ce nouveau monument du cinéma moderne (le vrai). Après tout, comme pour beaucoup de films de Nolan, certains ne verront cet « Interstellar » qu’en surface, le trouveront surfait et inutilement complexe faute de l’avoir compris, ce qui rendrait inutile le fait d’en dire plus car ceux là ne seraient sûrement pas convaincu davantage. Pour les autres, par contre, ceux qui comme moi ont appris à être reconnaissants vis-à-vis du grand Christopher pour ce qu’il apporte au cinéma, je dirai juste que ce film est du grand Nolan, peut-être même le plus grand. Même si je sais ce type d’expression totalement galvaudées, je m’y risque malgré tout : c’est certainement là l’un des films les plus marquants que j’ai pu voir jusqu’à présent. Je le trouve tellement remarquable, il m’a tellement pénétré, que je le place parmi mes dix films de tous les temps. Vous comprendrez donc qu’il m’est difficile, même si ce n’est pas votre genre de cinéma, de ne pas vous conseiller vivement d’aller risquer un peu de votre temps pour voir cet « Interstellar ». Moi, de mon côté, je ne vous cacherai pas qu’après avoir été illuminé comme ça par une pièce maitresse du septième art, il va être difficile de retourner au cinéma de si tôt…

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