En voulant réaliser un film de science-fiction aussi révolutionnaire que ‘2001 : A Space Odyssey’ en son temps, Christopher Nolan se fixe un tâche très ambitieuse. Et si le réalisateur atteint brillamment certains de ses objectifs avec ‘Interstellar’, le film affiche tous de même des lacunes qui le rendent légèrement pompeux.

Le défaut le plus flagrant de ‘Interstellar’ tient en son scénario. Les frères Nolan sont ici loin de retrouver l’intelligence de l’écriture de ‘Inception’ ou la noirceur de ‘The Dark Knight’. Non pas que l’histoire en elle-même soit véritablement décevante, mais la narration est particulièrement grossière. Dans ‘Interstellar’, toutes les retournements de situations sont prévisibles : la malhonnêteté du Dr. Mann, l’importance conjuguée du trou noir et du fantôme pour la fin du récit, ou même l’annonce de l’issue heureuse de la mission dès les premières minutes. Du coup, l’absence de réelles surprises rend le visionnage de 2h40 longuet par moments.

Pire, le film perd son temps dans des réflexions métaphysiques pompeuses, qui prennent souvent la forme de dialogues bien creux. La conclusion du récit est certes originale, mais elle n’est pas particulièrement convaincante pour autant. En particulier, on ne peut pas sincèrement y cautionner la mention du « pouvoir de l’amour », alors que le réalisateur s’attache à rendre son univers le plus ancré à la réalité possible.

C’est d’ailleurs là que réside l’une des forces de ‘Interstellar’ : en respectant les théories de la relativité, l’œuvre profite d’opportunités scénaristiques exceptionnelles quant à la question de l’écoulement du temps dans l’espace. En particulier, la séquence où Cooper rattrape 23 ans de la vie de ses enfants à travers quelques vidéos enregistrées au fil des années est poignante. Plus tôt dans le film, le départ de Cooper pour un temps indéterminé, en voiture (et parallèlement en fusée), est également très émouvant.

Dans le même esprit, ‘Interstellar’ rappelle évidemment ‘Gravity’ à travers ses préoccupations liée au carburant et au déplacement spatial. La référence ira jusqu’à une séquence crispante où la tension est directement dans la veine de l’œuvre de Alfonso Cuaron.

Par ailleurs, désormais expert en blockbuster imposant, Christopher Nolan délivre une réalisation impeccable. La photographie est agréable, son univers futuriste cohérent, mais ‘Interstellar’ offre surtout des plans mémorables. Ainsi, les images spatiales sont éblouissantes et proprement vertigineuses (la navette dans l’ombre de Saturne, le passage du trou de ver) et offre une expérience visuelle passionnante. Dans le même esprit, la vague titanesque de la première planète est aussi écrasante et inoubliable que le Paris onirique dans ‘Inception’.

L’œuvre profite enfin d’une bande-originale excellente signée par Hans Zimmer. Le compositeur s’écarte de ses épiques thèmes orchestraux, et innove avec des musiques plus lourdes et sépulcrales qui s’accordent parfaitement aux ambitions du réalisateur.

‘Interstellar’ n’est pas un chef d’œuvre, mais reste un très bon film de science-fiction.
Kroakkroqgar

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