Une semaine que je me repasse ce film en tête pour essayer de savoir si je l'ai aimé ou non, si je l'adule ou le déteste. Bref, je ne sais toujours pas. On peut dire que Christopher Nolan déchaîne les passions. Comme la majorité des cinéphiles, j'ai vu tous ses films, et comme beaucoup de gens, Inception a été un bon temps mon film préféré, ainsi qu'une claque d'une rare puissance. Tout cela pour dire qu'Interstellar avait en réalité tout ce qu'il faut pour m'offrir une nouvelle claque, cette fois-ci inter-galaxienne.
Commençons par le début : le côté scientifique du film. Bien que jugé "trop compliqué" par certains, il ne l'est en réalité pas, et se contente d'énoncer des concepts astrophysiques simples et très répandus dans la culture populaire, ne serait-ce que dans les Bd, séries et romans Sci-fi. Finalement, si on s'intéresse un peu aux trous noirs, trous de verres, relativité restreinte et voyages interplanétaires, le film ne nous apprend rien. Et pour ceux qui n'y connaissent rien, les longues scènes de dialogues sont là pour tout expliciter, du moins qu'on ai une petite curiosité scientifique. Finalement, Nolan ne fait rien de plus qu'un mix de ces théories, plaçant son long-métrage sous la bannière de la Science. Si on y réfléchi, c'est assez rare de faire autant de scènes de blabla scientifique dans un film-blockbuster-fictionnel-américain aujourd'hui. D'habitude on expose rapidement un concept pour s'en débarrasser et justifier la suite du film. Défaut ou Point fort du film, je ne sais pas, mais Nolan ne se laisse pas démonter, il fait son film scientifique.
Continuons avec le scénario en tant que tel. Bon. Déjà il faut dire que les 2h50 étaient adaptées à un déroulement d'une histoire aussi longue. Mais certaines scènes sont en fait ... inutiles. Que dire de cette scène de début où le père, la fille et le fils vont à la poursuite d'une sorte de ex-drône militaire qui tourne en rond tout seul depuis visiblement plusieurs années. Ils l'attrapent et sont très content, et puis ... et puis plus rien. On ne reparle plus du drône. Le seul objectif si l'on en croit ses sens, était de faire une scène magnifique et frissonnante mêlant la superbe musique d'Hans Zimmer à une traversée en pick-up d'un champ de maïs. Bon. D'accord. Ou alors ils ont coupé une scène qui suivait, ou alors ils auraient du couper celle là. Voilà. De plus, d'un point de vue d'écriture de scénario, c'est un peu bébête de parler de 3 planètes, et d'aller sur les 3 tour à tour. Et oui, c'est un peu basique-basique. Ca casse pas trois pattes à un canard quoi. Bon, mais au delà de ça, c'est plutôt bien mené. Nolan arrive à placer toutes ses références et faire un tout cohérent. Ah oui, parce que ce film, en fait, il n'invente rien hein. Tout est repris autre part. "Seuls dans l'espace, avec un robot qui donne son avis" ? : 2001. "Problèmes d'amarrage, et péripéties spatiales ?" : Gravity. "Eux=Nous" ? : Sunshine. Et j'en passe. Attention, je ne crie pas A l'Imposteur!. Nolan premièrement affirme et assume ces références, et de plus, il les transcende si je puis dire. En vrai, on peut pas vraiment inventer quelque chose en science-fiction, donc il vaut mieux faire mieux ce qui a déjà été fait. Après, peut-être que tout cela n'est pas vraiment mieux. Simplement, Interstellar est un condensé de science-fiction, un résumé des préoccupations actuelles sur notre univers, et le devenir de notre humanité. Il est temps d'en venir à mon troisième paragraphe :
Et oui, Nolan traite des grands concepts comme le Temps, l'Immensité, la Famille, l'Amour. Et on peut dire "c'est gian gian", mais je trouve que ça ne l'est pas dans la mesure où les dialogues expriment justement ces concepts avec des raisonnements ou questionnements philosophiques. Si on n'écoute pas ce qui est dit, et qu'on garde juste les mots clés, c'est sûr que ça peut être bateau. Mais ce qui fait toute la différence entre un bon film et un film banal, c'est le traitement des concepts. Ici, certes, c'est bavard, mais au moins ça fait réfléchir.
Parler ensuite des effets-spéciaux, qui sont pour le coup, du moins ceux faisant intervenir les vaisseaux spatiaux, très archaïques. Et pour cause, il s'agit d'un choix esthétique de Nolan de n'utiliser que des effets spéciaux pré-numériques, c'est-à-dire pas réalisés sur ordinateur. Le découvrant au cours du film, je ne savais pas vraiment quoi en penser. De ce côté, tout l'éloigne de Gravity, pour le rapprocher de films comme 2001. C'est une chose, il est vrai, dont je ne vois pas trop le sens, d'autant plus que les effets peuvent donc sembler "ratés". A part une manie, ou un "kiff", il n'y a pas de raison particulière à cela, d'autant plus que la fin du film surcharge pour le coup d'effets très numériques. Une force obscure pousserait-elle Christopher Nolan à retourner dans le passé dès qu'il entend les mots "effets spéciaux" ?
Enfin, une petite réflexion personnelle. Savez vous ce qu'est un montage alterné ? Oui oui, c'est quand 2 scènes se déroulent en même temps dans un lieu différent, et que les images sont intercalées : cela sert pour le suspens et les comparaisons et divers rapprochements entre 2 scènes. Il y a donc des CUT qui rapprochent 2 plans de lieux différents. Bon. Et bien dans Interstellar, on a un gros moment de montage alterné qui montre la famille du personnage principal, et lui-même, dans son autre galaxie avec son équipe. Si je ne m'abuse, les CUT que nous avons sont donc ... ceux rapprochant les 2 lieux les plus lointains de cinéma. Oui oui, ça se compte en milliards de milliards de kilomètres !! Le montage alterné le plus ... éloigné, qui fonctionne néanmoins parfaitement d'un point de vue narratif !
Voilà donc un film éblouissant et impressionnant que nous présente Chris' (oui, après une telle critique, on peut bien se permettre de l'appeler par un surnom...). Un film impressionnant, mais qui ne semble que surfer sur un corpus de films qui ont déjà fait leurs preuves. Chris' fait bien son boulot, mais il n'a rien inventé. Il n'a pas donné à son film une teinte insolite, un goût de grande fraîcheur. On fera mieux que lui, il n'y a pas de doute. Son Interstellar ne restera pas dans le temps. Son Interstellar ne sera pas dans la cinémathèque du futur qui s'envolera avec le vaisseau plein d'espoir des derniers êtres vivants vers un habitat d'une autre galaxie. Son Interstellar n'aura eu qu'un mérite : réussir à la fois le Plan A et le plan B.
Mud
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le 11 nov. 2014

Modifiée

le 12 nov. 2014

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Mud

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