"Les Sceptiques seront confondus"

Je sors de la salle ne sachant pas vraiment ce que j'ai vu. Ai-je découvert un film incroyablement inventif dans sa réalisation et mise en scène, ai-je vu LE film de la décennie, ou ai-je vu simplement un bon film ? Seul un peu de recul sur cette séance me le fera savoir. La seule chose possible est donc d'en vanter les qualités formelles, au risque d'aller de répéter des choses qui ont déjà dû être dites.
Je n'ai pas été littéralement "emporté" par l'histoire, dans ce sens où ma séance a consisté à scruter ce que je voyais et entendais. Le format 1:1 amène naturellement la caméra à préférer majoritairement des plans rapprochés, et ce, concentrant l'attention sur les personnages. Pas d'échappatoire à l’œil du spectateur, forcé d'admettre l'évidence : l'important dans l'histoire est le trio Die-Steve-Kyla (la mère, le fils, la voisine). L'élargissement du format à deux moments stratégiques donne un très grand souffle vivifiant au film : on respire ! Assez de ce petit cadre minuscule qui nous oppresse ! A nous la joie ! Mais il revient ... Comme l'idée de fatalité qui plane sur le sort de Steve.
Mais si l'image est assez remarquable, le son n'en reste pas moins très travaillé, comme ces moments musicaux produisant le fameux "effet-clip" magnifiques à tous points de vus, ou ces moments où le bruit ambiant s'efface pour mettre en valeur l'instant les conflits des personnages.
Dans ce film, Xavier Dolan fait fort, il nous offre un gros package de jeunesse, dans ses plans et son montage avec des choses qui n'avaient probablement pas été faites avant, dans sa B.O. nous faisant partager une musique actuelle (2013-2014) et populaire (!), dans son intelligence de donner ses rôles principaux à deux femmes et un jeune, autant d'éléments qui font incontestablement de Xavier Dolan un réalisateur du 21ème siècle.
A noter aussi que le scénario simple et efficace (ce qui ne veut pas dire peu travaillé, au contraire), est ficellé de telle manière à ce que chaque scène contienne un enjeu vital. A chaque scène, on oublie les événements qui ont précédé, le spectateur est forcé de vivre le film au présent. Un brillant travail aussi, dans le maintien de scènes relativement longues, qui ne cèdent pas à la tentation d'un rabotage destructeur, car celles-ci fonctionnent grâce à leurs silences, et l'évolution du discours de chacun.
Mud
8
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le 8 oct. 2014

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