La force de Mad Max n'est pas dans ses dialogues, son réalisme ou la psychologie des ses personnages. Pourtant, Fury Road est un film moderne et fichtrement excitant. La raison ? Le sentiment de vitesse qui se dégage de ses longues scènes de poursuite. La scène qui précède l'apparition du titre est en cela la plus pertinente. Le spectateur est à peine installé dans son fauteuil, qu'il est comme empoigné violemment et entrainé de force dans le film, dans l'action, à savoir avec Max tentant de s'échapper. On n'en a pas grand chose à faire qu'il soit attrapé ou non, le personnage ne développe aucun potentiel affectif. La vitesse de l'action, des mouvements de caméra, et des personnages fait instantanément oublier au spectateur qu'il est dans un fauteuil bien moelleux. Et rien de comparable avec ces blockbusters qu'on nous sert tout au long de l'année, ces films vides et inutiles qui n'ont aucune autre fonction que celle de remplir les caisses des cinémas. Pour se croire dynamiques, ces derniers utilisent le montage rapide : les plans durent moins d'un quart de seconde et ils croient créer du mouvement ainsi. Non, dans Mad Max, si le montage rapide est utilisé, le mouvement est déjà contenu à l'intérieur des plans. Il se passe réellement quelque chose de dynamique dans l'image : le montage est nécessairement plus rapide, simplement pour suivre les personnages, pour soutenir le rythme de l'action, mais ce n'est pas lui qui guide. De là, Mad Max nous accroche par la vue. On ressent le dynamisme de l'action et le mouvement par le simple truchement de nos yeux. On ne peut plus se décrocher de l'écran pour ne rien rater. C'est la pulsion scopique.