Un homme et une femme se retrouvent chaque mercredi après-midi pour faire l'amour, sans sentiment, ni attache, ni communication. Jusqu'à ce que le type, nommé Jay, veuille vouloir en savoir plus sur Claire en la suivant dans la rue.
Ours d'Or à Berlin, j'ai l'impression qu'Intimité est un film totalement méconnu aujourd'hui, alors qu'il avait fait forte impression en 2001. Ceci à cause de ses scènes sexuelles non simulées, ce qui est non seulement très rare, mais celles-ci ne sont jamais pornographiques ni vulgaires. On voit bien Mark Rylance, bien avant son explosion dans le pont des espions, pénétrer Kerry Fox (avec préservatif), sans aller jusqu'à l'éjaculation, et cette dernière le masturber. Le titre du film est tout trouvé, car on est dans l'intimité d'un couple comme rarement, mais il y a aussi le portrait de deux solitudes. Lui, qui a quitté le foyer familial, et elle qui est en couple mais qui se cherche aussi, voyant dans cette relation épistolaire une façon de se faire à nouveau désirer, et qui n'a d'autre substitut que le théatre.
Tout cela est filmé avec subtilité par Patrice Chérau, dans un Londres qui a l'air sinistre au possible, et où les acteurs sont épatants, en particulier Kerry Fox. On aperçoit aussi Marianne Faithfull et Timothy Spall. D'ailleurs, pour ce dernier, sa voix française est assurée par le comédien belge Olivier Gourmet, ce qui crée une sorte de décalage, tout comme Mark Rylance qui a ici la voix de Jean-Hugues Anglade.
Il y a parfois ça et là quelques moments plus joyeux, comme les scènes avec Timothy Spall ou une jeune femme que rencontre Rylance et qui ne fait que parler durant l'amour, mais le film est globalement d'une grande tristesse. Sur celle de deux personnes qui auraient pu se rencontrer de manière plus conventionnelle, mais qui ne sont clairement pas sur le même tempo.
Mais on retrouve ici aussi ce qui m'agace parfois chez Chéreau avec ce jeu vraiment théâtral (et pour cause...), ainsi que sa manie à faire hurler les personnages pour un oui ou un non. Mais globalement, Intimité est un beau film, interdit aux plus jeunes, mais dont le sexe est en fin de compte secondaire.