Quelques fois, on se pose dans son canapé et une question existentielle s'impose : "Mais flûte, que vais-je regarder aujourd'hui ?". De là, deux cas de figures peuvent se produire. Soit on regarde un film convenable, acceptable et on apprécie le fait d’avoir passé un moment, soit c'est l'inverse et on maudit cette expérience de médiocrité en se disant que, si on avait su, on aurait préféré trier ses chaussettes ou faire la vaisselle plutôt que de perdre du temps devant sa télé.
Malheureusement pour moi, je fus dans la seconde catégorie. Ce triste, mais ensoleillé, jour d'été, j’aurais dû aller trier mes chaussettes.
"Into The Woods" est un des derniers films des studios Disney, ces derniers ayant décidé, depuis quelques années, d'adapter à tout-va leur catalogue de dessins animés en film live. Et quoi de mieux pour mener à bien cette entreprise que d'adapter une comédie musicale, maintes et maintes fois récompensée, mettant en scène plusieurs héros et héroïnes déjà dépeints dans d’autres métrages du même studio ? Les commerciaux de l’entreprise à Mickey ont dû être ravis à l’idée de combiner un succès à Broadway et la présence d’anciens personnages, bien connus du grand public, au niveau des profits, ça va cartonner.
Si le film à, en effet, plutôt bien marché, sur le sol américain comme à l’étranger, que dire de l’œuvre en elle-même ? Enfin, plutôt, par où commencer ?..
Tout d’abord, aucune des chansons, niaises au possible, ne marque véritablement. On commence avec du lourd avec une superbe chanson nommée « I Wish » où le titre de la chanson est rabâchée une vingtaine de fois, histoire d’être sûr que vous ayez bien imprimé les souhaits limpides des personnages. Par ailleurs, si vous êtes fan de répétition, vous allez être servi car le nom du film est servi un nombre incalculable de fois, au cas où le sommeil serait venu vous faucher un peu trop tôt… Et encore plus insidieux, on a des dialogues au milieu de la chanson ; on a donc l’impression d’avoir une musique très pénible qui dure une éternité. Dans le même acabit, toute la scène avec les deux princes dans la rivière est, elle aussi, au moins ça reste constant, d’une qualité tellement infâme qu’il était nécessaire de le mentionner ici ; mention spéciale à ce fabuleux mais consternant arrachage de chemise.
Passons maintenant au film lui-même. Dès le début, certains partis pris esthétique et artistique sont discutables. Après, c’était peut-être comme ça dans la comédie musicale mais, sérieusement… Est-ce que la famille de Cendrillon se devait d’être composée de drag-queens, en cuir et bas résilles ? Était-il nécessaire que le costume et le maquillage du Grand Méchant Loup soit discount dans un film à 50 millions de budget ? Était-il possible de faire des princes plus caricaturaux que cela ? Là, se pose un des problèmes majeurs de ce film : les fulgurances ne sont pas intéressantes et les aspects les plus classiques sont mal traités. Rien qu’au niveau du scénario, une impression d’aléatoire se ressentir durant le long-métrage. Mais si, vous savez, un bol avec des noms de personnages, un bol avec des actions, on tire des papiers et, pouf, ça fait un scénario. Ajoutez à cela des scènes de malaise profond, comme celle où un personnage essaye d’attirer une vache en criant « meuh », avec des acteurs tous moins impliqués les uns que les autres, vous obtenez environ 2 heures sans queue, ni tête, ni divertissant, ni intéressant.
Attendez, comment ça il reste cinquante minutes de film ? Après le mariage, ce n’est pas fini ? Pourtant, ça avait l’air d’être fini… Enfin, j’aurais bien aimé que ça soit fini… Mais alors, y’aurait-il un twist final de fou qui permettrait de tout expliquer et de relancer l’intérêt du film ?! Ah, on me souffle dans l’oreillette que ça repars avec des chansons aussi mauvaises que les précédentes et un segment forcé, présent uniquement pour étirer la durée ? Encore un coup des « bols à scénario » ça…
Si vous tombez sur ce film, allez donc ranger vos chaussettes, c’est plus gratifiant et surement plus intellectuel.