Il va probablement falloir s'y résigner, Hong Sang-soo ne fera peut-être plus de grand film, au sens ambitieux du terme. Mais est-ce grave ? N'est-il pas tout aussi passionnant de voir ainsi un artiste créer une œuvre majeure à coup d'infiniment petits, considérer que le cinéma peut être aussi ceci, des bulles enneigées ou salines où des personnages se promènent sans enjeu dramatique marqué. Ce qu'il fait depuis maintenant cinq films, des pastilles qui ne s'adressent plus qu'à une poignée de curieux mais fidèles qui ont décidé de le suivre jusqu'au bout du monde, s'avèrent passionnant sur la durée, l'actuelle permettant de revisiter les précédentes et de comprendre les prochaines. Un système de boucle en quelque sorte, logique quand on sait à quel point celle-ci est une des figures favorites du bonhomme.
Parmi ces films dits mineurs celui-ci est probablement l'un des plus singuliers car HSS arrête cette fois son objectif sur la jeunesse, avec cette forme de nihilisme qui lui est propre, sa façon de travailler la quête de l'amour qui en a toujours fait un disciple de Rohmer. La frustration de certains, la mienne y compris, viendra du fait que Kim Min-hee ne fait qu'une apparition (Soyons rassurés elle est à nouveau en tête d'affiche de "The Novelist's Film" présenté dans quelques jours à Berlin), ceci étant largement compensé par le retour de la beuverie, la vraie la bonne celle attablée où le ton monte et tout.
En résumé tout va bien, notre stakhanoviste coréen est bien vivant et les vénérateurs du Grand Gourou sont heureux d'avoir pris leur dose en attendant la prochaine qui pourrait arriver en juin si Capricci tient son calendrier.