Intruders
5.3
Intruders

Film de Adam Schindler (2015)

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De nouveau un home invasion et oui, que voulez-vous, c’est un genre de film qui ne coute en général pas cher à produire puisque que tout se passe normalement dans un lieu unique, la plupart du temps une maison, avec un nombre de personnages limité, le ou les habitants de la maison et ceux qui essaient d’y pénétrer. C’est vrai que ces dernières années, ils se sont multipliés et on a eu droit à de sacrées expériences cinématographiques comme par exemple les excellents Don’t Breathe et Accused, ou les très funs Becky, Villains et Better Watch Out. Pour amener un peu d’originalité à un genre très codifié, les scénaristes sont obligés de se creuser les méninges et de mettre un twist pour essayer de tenir sur la durée en redistribuant les cartes. C’est souvent là qu’un home invasion peut se planter, lorsqu’il veut en faire trop dans son retournement de situation, et c’est un peu ce qui arrive dans Intruders, premier long métrage de Adam Schindler, au point que sa bobine perde un peu en intérêt. Ce genre de film reposant sur un twist est plus efficace sans qu’on n’ait rien vu ni lu dessus, alors évitez toute bande annonce (surtout qu’elle spoile le twist en question) et tout texte, alors revenez ici plus tard si vous compte un jour voir le film (même si nous essaierons de rester le plus vague possible).


Film indépendant tourné en à peine 15 jours, Intruders va tout d’abord prendre 30 minutes pour installer tous ses personnages, les caractériser suffisamment pour qu’on sache à quoi s’attendre d’eux, et le scénario va prendre le temps pour faire évoluer certains d’entre eux. Ces personnages sont intéressants et le film va jouer avec certains clichés inhérents au genre. Par exemple, il y a très souvent un maillon fiable chez les assaillants et la victime va essayer de soudoyer cet assaillant là pour s’en sortir, mais ici on s’amuse de ce cliché sans jamais y tomber dedans. Malheureusement, il y a à redire. Les méchants ne sont pas très intéressants, et notre victime en fait parfois un peu trop, passant trop souvent d’une émotion à son opposé, d’une méchante impitoyable à bavarde trop explicative, certes pour nous montrer ses problèmes psychologiques, de façon très peu naturelle. Il n’y a que le livreur à domicile de nourriture, incarné par un bon Rory Culkin (Mean Creek, Scream 4), qui tire son épingle du jeu, restant humain quelle que soit la circonstance, même lorsqu’elle est en sa défaveur. Néanmoins, en termes de jeu, tout le casting fait du plutôt bon travail et permet de faire passer la pilule des problématiques de leurs personnages, la palme revenant à l’héroïne, incarnée par Beath Riesgraf (la série LEverage), qui reste dans la subtilité et évite de transformer son personnage en grosse maniaque aux yeux exorbités, piège dans lequel certains(nes) acteurs(trices) tombent parfois.


Nous sommes donc ici dans le cliché de la femme seule dont la maison va se faire attaquer mais qui, pleine de ressources, va renverser la situation. Mais Intruders va prendre ce point de départ, et va essayer d’en faire quelque chose d’autre, en amenant d’autres thématiques au film, directement issues du passé trouble du personnage central. Le problème, c’est que certains de ces éléments semblent un peu précipités et arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe, empêchant la mécanique de départ qui semblait bien huilée de fonctionner correctement. Néanmoins, il est difficile, si on part vierge de toute information sur le film, de deviner comment les choses vont tourner, car ni Anna ni la maison ne sont ce qu’elles semblent être, et c’est positif lorsqu’un film arrive à nous surprendre. Oui, Intruders arrive à nous surprendre sur le moment, mais sur le moment seulement, et au final, lorsque le générique de fin arrive, on est persuadé d’une chose, c’est que même si on n’a pas passé un mauvais moment, on n’a rien vu de remarquable ni même de réellement mémorable. Oui, Adam Schindler se débrouille plus bien en termes de mise en scène pour un premier film, mais ça reste malgré tout assez « scolaire ». Passée la surprise du twist, on se dit qu’au final ça reste gentillet et que l’ensemble aurait été bien plus marquant si le réalisateur était parti sur bien plus de folie, avec cette maison truffée de passages secrets et de pièges qui aurait pu amener des scènes bien barges. Car ce qu’on a ici, et bien que, je le répète, l’ensemble sache se faire malgré tout plutôt efficace, c’est au final des meurtres assez banals et une révélation pas si choquante que ça. Le déroulement de l’histoire n’est pas assez intense pour que Intruders soit qualifié de film de vengeance, et il n’est pas assez effrayant ou malaisant pour être considéré comme un film d’horreur.


Intruders est un film correctement réalisé et plutôt bien interprété, raisonnablement divertissant sur la durée, mais qui aurait pu être bien plus que cela s’il avait joué un peu plus la carte de la folie. Le résultat est au final assez banal.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-intruders-de-adam-schindler-2015/

cherycok
5
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le 16 oct. 2024

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